A la veille du Brexit, Johnson discute rapprochement commercial avec Pompeo

A la veille du grand saut britannique hors de l'Union européenne, Boris Johnson reçoit jeudi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo pour poser les bases du rapprochement commercial post-Brexit espéré par Londres et Washington, malgré les divergences.

Le compte à rebours a commencé avant la séparation, qui sera marquée officiellement vendredi à 23H00 locales et GMT après trois ans et demi de crise provoquée par le référendum de 2016.

Pendant qu'à Bruxelles le Parlement européen faisait mercredi des adieux émouvants aux eurodéputés britanniques et l'europhobe Nigel Farage effectuait ses dernières bravades, le secrétaire d'Etat américain atterrissait à Londres pour préparer l'après-Brexit.

Le Royaume-Uni veut lier un ambitieux accord commercial avec les Etats-Unis, dont il a fait un symbole de sa liberté d'action retrouvée. Mais ce rapprochement économique avec son allié historique est compliqué par plusieurs sujets qui fâchent, au menu de la visite.

Il s'agit notamment de l'accès de Huawei au réseau 5G britannique, accordé mardi par Londres malgré les mises en garde de Washington qui juge l'équipementier trop proche du gouvernement chinois et pointe du doigt des risques d'espionnage. 

D'autres sujets ont créé des tensions, comme le projet britannique de taxe sur les géants du numérique, des divergences de vues sur le dossier nucléaire iranien, poussant Boris Johnson à se livrer à un jeu d'équilibriste pour ménager Américains et Européens sur les grands dossiers internationaux.

Avant d'être reçu par le Premier ministre britannique jeudi, Mike Pompeo a commencé sa visite par une rencontre avec son homologue britannique Dominic Raab mercredi soir. Les deux hommes ont notamment discuté du plan pour le Proche-Orient annoncé par Donald Trump et que le Royaume-Uni a été un des rares pays à accueillir positivement.

Dominic Raab a souligné sur Twitter avoir abordé le refus des Etats-Unis d'extrader une femme de diplomate américain impliquée dans un accident de la route mortel en Angleterre, autre sujet de discorde .

Malgré ces divergences, les deux hommes ont posé souriants pour les photographes, Mike Pompeo louant sur Twitter "l'allié indispensable" que représente le Royaume-Uni

 

- "Espoir et opportunité" -

 

La sortie de l'Union européenne mettra fin à 47 ans de mariage tourmenté. "C'est un moment extraordinaire pour notre pays, un moment d'espoir et d'opportunité", a déclaré Boris Johnson, farouche partisans du Brexit, dans une vidéo postée sur Twitter.

Le président américain Donald Trump soutient avec enthousiasme le Brexit et a fait miroiter un accord commercial bilatéral "magnifique".

"Il y a beaucoup de sujets à discuter avec le Royaume-Uni au moment où il entre dans une nouvelle phase de sa souveraineté", a constaté M. Pompeo dans l'avion le menant à Londres, citant notamment les "énormes questions commerciales" mais aussi "d'importantes questions de sécurité".

Après le Brexit, le Royaume-Uni entre dans une période de négociations commerciales délicate avec l'UE mais aussi avec les pays tiers. Le Royaume-Uni continuera d'appliquer les règles communautaires pendant la période de transition qui s'achèvera fin décembre.

Pour conclure un accord avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni pourrait devoir accepter d'importer des produits aux normes alimentaires bien moins protectrices de la santé et de l'environnement que celles de l'Union européenne.

L'opposition travailliste a en outre accusé Boris Johnson de négocier en secret avec les Etats-Unis pour ouvrir le service public de santé à des puissantes sociétés pharmaceutiques américaines dans le cadre d'un accord commercial.

En attendant, les eurodéputés britanniques ont fait leurs adieux mercredi après la ratification du Brexit par le Parlement européen. Des élus ont entonné "Ce n'est qu'un au revoir", certains brandissant des écharpes aux couleurs des drapeaux britannique et européen.

Les pro-Brexit, le populiste Nigel Farage en tête, s'apprêtent, eux, à laisser éclater leur joie vendredi soir devant le parlement à Londres.

Boris Johnson, qui doit d'adresser à la nation vendredi à 22H00 GMT, a affirmé qu'il célébrerait l’événement "d'une manière respectueuse et qui fasse honneur à l'exploit incroyable que le Royaume-Uni a accompli mais aussi en étant attentifs aux sentiments de chacun", dans un pays toujours très divisé sur le sujet.


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