Yémen: report du premier vol commercial partant de Sanaa depuis 2016

Publié le 25/04/2022 | Ajouter un commentaire

Le premier vol commercial depuis six ans prévu dimanche au départ de la capitale yéménite Sanaa, aux mains des rebelles, a été ajourné faute d'autorisation de la coalition aidant militairement le pouvoir dans la guerre au Yémen.

 

Le gouvernement yéménite a déclaré que les rebelles Houthis étaient responsables du report du vol, les accusant de vouloir «faire passer clandestinement (...) avec de faux noms et de faux documents» des membres des Gardiens de la Révolution, armée d'élite de l'Iran, et du Hezbollah libanais pro-iranien.

L'Iran et le Hezbollah sont accusés d'aider militairement les Houthis dans leur guerre contre le pouvoir, lui-même soutenu par une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite, voisine du Yémen. Téhéran soutient les Houthis mais dément leur fournir des armes.

Les autorités liées aux rebelles à Sanaa ont elles, au contraire, reproché à la coalition militaire de maintenir les Yéménites «dans une large prison» et de «violer» la trêve de deux mois renouvelable entrée en vigueur le 2 avril entre pouvoir et rebelles.

Rare répit pour une population durement éprouvée par plus de sept ans de guerre, cette trêve arrachée par l'ONU et globalement respectée, prévoit entre autres la réouverture partielle de l'aéroport de Sanaa.

L'avion devait décoller dimanche matin d'Aden, grande ville du sud où siège provisoirement le gouvernement, avec un arrêt à Sanaa pour transporter à Amman des passagers ayant besoin d'un traitement médical.

Mais avant l'aube, la compagnie aérienne Yemenia a annoncé que «l'autorisation nécessaire de la coalition (qui contrôle l'espace aérien du Yémen) n'est pas arrivée», espérant que «tous les problèmes seront résolus dans un futur proche».

«Bénéficier aux civils»

Réagissant à ce report, l'envoyé spécial de l'ONU au Yémen, Hans Grundberg, a «exhorté les parties à travailler de manière constructive avec moi et mon bureau pour trouver une solution qui permettrait aux vols de reprendre comme prévu».

«Le but de la trêve est de bénéficier aux civils en réduisant la violence, en fournissant du carburant et en améliorant leur liberté de mouvement vers, depuis et à l'intérieur de leur pays», a-t-il rappelé sur Twitter.

La coalition n'a pas réagi dans l'immédiat mais le ministre yéménite de l'Information Mouammar Al-Iryani a accusé les Houthis d'avoir causé l'ajournement du vol, dans une déclaration de l'agence de presse gouvernementale Saba.

Il a affirmé que le gouvernement avait approuvé une liste de 104 passagers mais que les rebelles avaient insisté pour en ajouter 60 et «faire passer clandestinement des responsables et des experts du Hezbollah et des Gardiens de la Révolution avec des passeports non fiables».

À Sanaa, le directeur de l'aéroport Khaled Al-Shayef a assuré que ce problème de passeports était une «justification sans fondement».

Le directeur adjoint de l'aviation civile, Raëd Talib Jabal, a dénoncé une «violation de la trêve». La coalition «cherche délibérément à augmenter la souffrance du peuple yéménite et trompe l'opinion publique internationale sur le dossier humanitaire.»

Malades empêchés de se soigner

L'aéroport de Sanaa est fermé aux vols commerciaux depuis août 2016 après des frappes aériennes de la coalition. Seuls les vols humanitaires sont depuis autorisés avec des interruptions périodiques, un «blocus» dénoncé par les Houthis.

La coalition accuse les rebelles d'utiliser l'aéroport pour des «opérations hostiles avec des missiles balistiques, des drones et des avions piégés», alors que les Houthis visent régulièrement l'Arabie saoudite sunnite, puissance régionale rivale de l'Iran chiite.

L'arrêt des vols commerciaux a empêché «des milliers de civils malades» de se soigner à l'étranger, avaient estimé des ONG en août, évoquant aussi d'importantes pertes économiques.

Pays le plus pauvre de la péninsule arabique, le Yémen est le théâtre depuis 2014 d'une guerre qui a causé la mort de près de 380.000 personnes, dont une majorité de décès indirects liés à la faim, aux maladies et au manque d'eau potable, selon l'ONU. Des millions d'autres ont été déplacées.


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