Maradona, fidèle de Castro et de la gauche bolivarienne

Si Maradona, disparu ce 25 novembre, était connu pour son talent footballistique, il l’était aussi pour ses engagements politiques qui ont émaillé sa vie. Il a même surnommé Fidel Castro son « second père ».

Fidel Castro et Maradona en 2005 à Buenos Aires. AFP - HO

 

Tatouage du Che sur l’épaule droite, tatouage de Fidel Castro sur la jambe droite, longue embrassade avec Chavez. Maradona avait des idées politiques et ne s’en cachait pas. Et il n’était surtout pas du genre à se demander si cela pouvait plaire ou non. Maradona, icône du foot mondial se permettait tout.

« Stop Bush »

Mais au-delà de l’image, l’Argentin, qui a passé une partie de son enfance sous la dictature militaire argentine instaurée par le coup d'État du 28 juin 1966, saluait volontiers les valeurs de gauche. Il ne ratait jamais une occasion pour montrer son amour envers le socialisme sud-américain. Il aimait Hugo Chavez, fondateur de la « révolution bolivarienne » vénézuélienne et Evo Moralès, ancien président de la Bolivie. Surtout, ce rebelle tiers-mondiste détestait les « gringos ». Lors du sommet des Amériques en 2005 à Mar del Plata, il arborait fièrement un tee-shirt  « Stop Bush ».

Mais Maradona n’était pas que dans l’affichage. En 1995, il lançait avec Eric Cantona l’Association internationale des footballeurs (AIFP), premier syndicat mondial destiné à s’opposer à la puissante Fifa. Que ce soit avec l’équipe d’Argentine ou en clubs, Maradona n’oubliait pas d’où il venait : des quartiers pauvres de Buenos Aires. Il était issu de ces « cabecitas negras » (petites têtes noires), méprisées par la bourgeoisie de la capitale argentine. Maradona était péroniste, un mouvement qui représente les travailleurs, et donne une visibilité à un monde marginalisé, notamment les classes populaires.

Impressionné par Castro

Leader dans le vestiaire, Maradona était aussi un vrai proche du Lider maximo Fidel. Leur première rencontre remontait à 1987, à la Havane, un an après « la main de Dieu » et son sacre mondial. Maradona était impressionné par Castro qui tenait tête aux États-Unis. C’est à Cuba qu’il se rendait pour ses cures de désintoxication. El Pibe de Oro considérait Castro comme son « second père ». En 2005, devenu animateur de télé à succès, il interviewe Castro à La Havane dans son émission « La noche del Diez ».  Ironie de l’histoire, Castro meurt aussi un 25 novembre.

« Avec Fidel Castro, Chavez (et les présidents du Brésil et d’Argentine) Luiz Inacio Lula da Silva et Nestor Kirchner […], je crois que l’on peut former une bonne alliance contre la pauvreté, la corruption et rompre la relation filiale avec les États-Unis », disait-il, affirmant que l’émotion d’avoir connu Chavez (décédé en 2013)  avait été « peut-être plus forte » qu’une victoire en Coupe du monde. En 2018, Maradona se présentait comme un « soldat » du successeur de Chavez, Nicolas Maduro, et assistait à ses meetings de campagne.

Donald Trump, « une marionnette »

En marge de la finale de la Coupe du monde 2018 en Russie, Maradona avait rencontré Mahmoud Abbas et n’hésitait pas à dire au président de l’Autorité Palestinienne que son cœur était « palestinien ». Une année auparavant, Donald Trump, le président américain déclarait que les États-Unis reconnaissaient Jérusalem comme capitale d'Israël et annonçait son intention de déplacer l'ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem.

De l’Amérique de Donald Trump, l’enfant du bidonville de Villa Fiorito disait : « Les shérifs du monde que sont ces yankees croient que parce qu’ils ont la plus grande bombe au monde ils peuvent nous diriger. Mais non, pas nous. Cette marionnette qu’ils ont comme président ne peut pas nous acheter ».

Surnommé « le Che du sport » par Fidel Castro, on se souviendra que Maradona avait ridiculisé au Mondial  86  l'Angleterre de Margaret Thatcher,  conservatrice et libérale.


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