Tanzanie: une figure de l'opposition enlevée et torturée, la répression cible désormais les femmes
Publié le 22/10/2024 | Ajouter un commentaire
En Tanzanie, une nouvelle figure de l'opposition, Aisha Machano, porte-parole de l'aile féminine du parti Chadema, a été kidnappée, samedi 19 octobre, à Kibiti, dans l'est du pays.
Samedi dernier, à Kibiti, dans l'est de la Tanzanie, des hommes en civil, se présentant comme policiers, ont emmenée Aisha Machano, membre du parti d'opposition Chadema, en forêt où elle a été torturée et déshabillée, selon ses affirmations. « Des chauffeurs de motos-taxis l'ont trouvée dans un état grave et dans une grande souffrance », a ajouté Chadema sur X. La police a déclaré dans un communiqué qu'une enquête a été ouverte.
D'après Aisha Machano, cet acte de violence serait lié à une manifestation récente des femmes du Chadema, où elles avaient brûlé un tissu offert par la présidente Samia Suluhu Hassan pour protester contre les disparitions forcées des membres de leur parti.
Aisha était à la tête de cette manifestation symbolique, et selon sa collègue Catherine Ruge, cadre du Chadema, elle fait aujourd’hui les frais de son militantisme. « Avoir organisé cette manifestation a été son erreur. Cela se manifeste clairement dans la manière dont ses ravisseurs l’ont interrogée et l'ont torturée. Ils l'ont forcée à révéler le nom du responsable au sein de Chadema qui avait appelé à interdire les tissus, ces vêtements proposés par la présidente. Aisha a répondu : "Ce ne sont pas nos leaders qui ont voulu cette manifestation, ce sont toutes les femmes qui se sont mobilisées pour exprimer leur colère face aux disparitions de leurs proches." Aisha a été grièvement blessée », rapporte-t-elle au micro de Christina Okello.
Des actes de violence contre une femme, dans un pays « dirigé par une femme »
«Cet incident me choque car il s'agit d'un gouvernement dirigé par une femme présidente qui commet des actes de violence contre une autre femme. Cela résonne d'autant plus intensément sous l'ère de John Magufuli, ce type de violences à l'encontre des femmes n'était pas courant. À ce jour, nous n'avons pas entendu un seul mot d'excuse de la part de Son Excellence Samia Suluhu Hassan », renchérit Catherine Ruge.
Samia Suluhu Hassan avait montré des signes d'ouverture démocratique à son arrivée au pouvoir en mars 2021, en rouvrant rapidement, par exemple, des médias interdits. Mais la présidente fait face ces derniers mois à de vives critiques, l'accusant de revenir aux pratiques autoritaires de son prédécesseur John Magufuli à l'approche des élections locales de novembre et générales de fin 2025.