Syrie: pourquoi le chef de la diplomatie a choisi l'Arabie saoudite pour son premier déplacement

Publié le 02/01/2025 | Ajouter un commentaire

Moins d'un mois après la chute de Bachar el-Assad, le nouveau pouvoir syrien a déjà établi de très nombreux contacts diplomatiques. Alors que des délégations régionales et occidentales se sont succédé à Damas, une nouvelle étape commence cette semaine avec la première visite officielle à l'étranger du nouveau chef de la diplomatie syrienne. Assaad al-Shibani s’est rendu mercredi 1er janvier en Arabie saoudite pour sa toute première sortie officielle, et ce n'est pas un hasard.

Le tout nouveau ministre des Affaires étrangères de Syrie qualifie le royaume saoudien de pays « frère ». « Cette première visite dans l'histoire de la Syrie libre nous permet d'ouvrir une nouvelle page dans les relations syro-saoudiennes, à la hauteur de la longue histoire commune entre nos deux pays », a ajouté Assaad al-Shibani à son arrivée dans le royaume mercredi 1er janvier.

Plus tôt mercredi, les médias d'État syriens ont indiqué que ce déplacement avait lieu « à l'invitation du ministre saoudien des Affaires étrangères ». Selon le ministère syrien, sa délégation a été reçue à son arrivée à l'aéroport de Riyad par le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed bin Abdulkarim El-Khereiji.

Riyad est un allié-clé malgré ses changements de position

Richissime monarchie pétrolière et principale puissance du monde arabe sunnite, l'Arabie saoudite est un interlocuteur incontournable pour les nouveaux dirigeants syriens. Un géant régional dont la position vis-à-vis de la Syrie a évolué ces dernières années.

Riyad avait d'abord soutenu la rébellion syrienne, avant de se résoudre en 2023 à rétablir des liens avec Bachar el-Assad. L'influence de Riyad avait été centrale pour le retour du désormais ex-dictateur syrien au sein de la Ligue arabe la même année.

La semaine dernière, dans une interview accordée à la chaîne de télévision saoudienne Al-Arabiya, le nouveau dirigeant syrien Ahmed al-Charaa, jusqu'ici connu sous son nom de guerre Abou Mohammad al-Jolani, a déclaré que l'Arabie saoudite « jouera certainement un rôle important dans l'avenir de la Syrie », évoquant « une grande opportunité d'investissements pour tous les pays voisins ».

Quête de légitimité, respectabilité, financements et influence

On voit bien aujourd'hui l'intérêt de chacun à bâtir une relation solide. Du côté de la Syrie, les nouveaux maîtres de Damas sont en quête de légitimité comme de respectabilité, et leurs besoins sont immenses en termes de reconstruction et d'investissements. L'économie et les infrastructures de la Syrie ont été dévastées par plus de 13 ans de guerre civile.

Mais les Saoudiens ont également leurs intérêts : il y a quelques semaines encore, la Syrie s'inscrivait dans le camp des alliés de l'Iran, qui reste le grand rival régional de l'Arabie saoudite, malgré un apaisement récent.

Aujourd'hui, l'influence régionale de Riyad peut s'étendre jusqu'à Damas : c'est l'une des facettes de la recomposition régionale en conséquence de la chute du régime de Bachar el-Assad. Pour le prince héritier saoudien et dirigeant de facto Mohammed ben Salman, l'objectif ultime est celui d'une stabilisation régionale propice à ses projets de développement.

Place donc au pragmatisme, même si l'islam politique des ex-rebelles syriens reste très éloigné de la conception du pouvoir de la monarchie saoudienne. Et peu importe également si le nouvel homme fort de Syrie, Ahmed al-Charaa, est issu du front al-Nosra, une mouvance des terroristes d'al Qaïda dont l'Arabie Saoudite fut l'une des cibles. Le mois dernier, une délégation saoudienne avait rencontré Ahmed al-Charaa à Damas, avait indiqué à l'AFP une source proche du gouvernement saoudien.


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