Leonidas Iza, le leader inflexible à la tête du mouvement autochtone en Équateur

Kichwa, anticapitaliste et président de la Confédération des nationalités indigènes de l'Équateur (Conaie), Leonidas Iza Salazar est à la tête du mouvement de protestation amérindien qui paralyse une partie du pays, dont la capitale Quito, depuis le 13 juin. Ils réclament avec force des mesures face au coût de la vie, qui a beaucoup augmenté dans les zones rurales.

 

Encore une fois vêtu de son poncho rouge, Leonidas Iza était face aux représentants du gouvernement lundi 28 juin après avoir été dans la rue pendant près de deux semaines. Accusé par le gouvernement d’être un « anarchiste » et arrêté au début du mouvement pour avoir « paralysé un service public », il est devenu une véritable icône pour les autochtones équatoriens et a déjà fait plier une première fois le gouvernement équatorien.

Face à la contestation de la rue et à la défiance du Parlement qui impute les désordres à la mauvaise gestion du président Guillermo Lasso, l’exécutif a reculé sur une des demandes du mouvement. Le prix de l’essence et du diesel a été réduit de 10 cents de dollars. L’état d’urgence, décrété une semaine auparavant dans six des 24 provinces du pays, a même été suspendu.

Des premières victoires pour le leader du mouvement qui demande toujours 40 cents de réduction ainsi qu’une liste de dix mesures pour aider les populations rurales face au coût de la vie. Après les premières garanties de l’État, le bras de fer continue maintenant à la table des négociations. En dehors du prix de l’essence, les revendications tournent autour de la renégociation des prêts bancaires accordés aux paysans ou encore le contrôle des prix des produits agricoles.

Remettre les droits des autochtones sur le devant de la scène

Quasiment un an après avoir été élu à la tête de la Conaie, ce trentenaire du peuple Kichwa joue un rôle décisif dans cette mobilisation d’envergure en Équateur. Leonidas Iza, leader inflexible, veut redonner aux peuples indigènes le pouvoir qu’il a eu notamment dans les années 1990 et 2000. Trois chefs de l'État équatorien avaient alors dû démissionner sous la pression des organisations autochtones.

Issu d’une famille modeste, le jeune leader a été le seul de sa fratrie avoir étudié à l’université. Né dans le Cotopaxi, dans le sud du pays, il suit la lignée de son père José María Iza Viracocha. Ce dernier s’était illustré dans des manifestations dans les années 1990. Leonidas Iza s’engage jeune dans le mouvement pour les droits des autochtones. Il cite volontiers comme modèles Dolores Cacuango et Transito Amaguaña, deux pionnières de la lutte pour les droits des indigènes en Équateur.

En 2019, il s’était fait connaître lorsque, aux côtés de Jaime Vargas, il avait participé au soulèvement populaire lié encore une fois au prix de l’essence. Lenin Moreno, le président d’alors, avait été contraint de démissionner. Après ces manifestations, son nom a d’ailleurs été mentionné comme l’un des candidats à la présidence du parti indigène Pachakutik. Le candidat à la présidentielle de 2021 sera finalement Yaku Pérez. Il arrive troisième au premier tour avec 19,39 % des voix, juste derrière le candidat Lasso (19,74 %). Si le mouvement indigène a échoué aux portes du pouvoir en 2021, sa place reste centrale dans le jeu politique en Équateur.


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