Biélorussie: Bruxelles et Washington refusent de reconnaître Loukachenko comme président

Les pays occidentaux pointent du doigt les résultats falsifiés de la présidentielle du 9 août dernier. Pour l'UE, la prestation de serment organisée mercredi 23 septembre dans la plus grande discrétion et le nouveau mandat dont se réclame le président n'ont aucune légitimité démocratique. Des attaques balayées par l'intéressé.

L'Union européenne ne reconnaît pas la légitimité d'Alexandre Loukachenko, a fait savoir ce 24 septembre le Haut Représentant des Vingt-Sept pour la politique étrangère, Josep Borrel. Pour l'UE, l'élection présidentielle n'était « ni libre, ni équitable ».

« Cette "prestation de serment" contredit directement la volonté de larges pans de la population bélarusse, exprimée dans de nombreuses manifestations, pacifiques et sans précédent [...] et elle ne fera qu'aggraver la crise politique » dans le pays, a souligné M. Borrell, qui a ajouté, sans plus de précisions, qu'au « vu de la situation actuelle, l'UE réexamine ses relations avec la Biélorussie. »

Même son de cloche outre-Atlantique. Washington a déclaré mercredi ne pas considérer  Loukachenko comme le président légitimement élu de Biélorussie.

La diplomatie allemande tacle elle aussi une prestation de serment sans aucune légitimité démocratique. « Cette cérémonie préparée dans le secret et sans témoin, ajoute Berlin, est en soi un fait révélateur de la dérive du pouvoir. » 

 

La Lituanie dénonce une investiture frauduleuse et la Lettonie s'inquiète de cette fuite en avant qui ne fait, selon Riga, qu'aggraver la crise politique. En Europe, les condamnations sont unanimes. La Slovaquie, les Pays-Bas, le Danemark, la République tchèque ont également fait part de leur désaccord.

« Ce que fait Alexandre Loukachenko, c’est qu’il s’isole du monde extérieur, estime Anatoli Lebedko, un opposant de longue date, joint à Minsk par RFI. C’est une formule que l’on a bien connue en Union soviétique. L’URSS était fermée non pas parce que ses citoyens le voulaient, mais parce que c’était plus commode pour l’élite au pouvoir. Un pays fermé cela signifie plus de possibilités d’obtenir de l’obéissance de la part de la population. »

Piqué au vif par les critiques occidentales, Alexandre Loukachenko a rapidement réagi : « Ils crient qu'ils ne nous reconnaissent pas. Vous savez, nous ne leur avons jamais demandé de nous reconnaître, de reconnaître nos élections, de reconnaître notre président réélu », a indiqué, selon l'agence d'État Belta, Alexandre Loukachenko, parlant de lui, comme souvent, à la première personne du pluriel.

Des sanctions européennes toujours en discussion

Bruxelles a préparé des sanctions contre une quarantaine de personnes jugées responsables de la répression et envisage également de sanctionner Alexandre Loukachenko, a appris l'AFP de sources diplomatiques.

Mais l'unanimité des États membres est requise, et Chypre conditionne son accord à l'adoption de mesures pour contraindre la Turquie à cesser ses forages gaziers dans les eaux de sa zone économique. Deux États, la Suéde et la Finlande, refusent de sanctionner Loukachenko pour permettre une médiation de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui sera présidée par la Suède, selon ces mêmes sources.

La question sera discutée lors du sommet des dirigeants européens les 1er et 2 octobre à Bruxelles.


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