À l'ONU, Erdogan propose une conférence régionale sur le conflit en Méditerranée

Lors de son allocution à distance devant l'ONU, le président turc Recep Tayyip Erdogan a proposé, mardi, la tenue d'une conférence régionale autour des litiges territoriaux en Méditerranée orientale, sujets de fortes tensions entre Ankara et les Européens

Un appel au dialogue dans un contexte de fortes tensions. S'exprimant à distance devant l'Assemblée générale des Nations unies, le dirigeant turc a proposé, mardi 22 septembre, l'organisation d'une conférence pour résoudre les litiges territoriaux en Méditerranée opposant la Turquie à plusieurs États européens.

Recep Tayyip Erdogan a exprimé le souhait de résoudre les désaccords "de manière juste et appropriée" par le dialogue, mais a prévenu que les tentatives "futiles" visant à exclure son pays de plans portant sur la Méditerranée orientale seraient vouées à l'échec.

"J'aimerais renouveler mon appel au dialogue et la coopération entre les États côtiers de la Méditerranée. Nous proposons donc la tenue d'une conférence régionale où les droits et intérêts de tous les États côtiers seront pris en compte", a-t-il dit.

Recep Tayyip Erdogan a demandé au passage que la République turque de Chypre du Nord, uniquement reconnue par Ankara, soit associée à cette conférence.

 

La présidence turque avait annoncé un peu plus tôt qu'Ankara et Athènes avaient accepté de reprendre dans un proche avenir des discussions exploratoires sur le litige territorial qui les oppose en Méditerranée orientale et en mer Egée.

Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu dans la journée avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président du Conseil européen, Charles Michel.

Le dirigeant turc a formé l'espoir que le sommet européen initialement prévu jeudi et vendredi, mais reprogrammé les 1er et 2 octobre (Charles Michel, le président du Conseil européen, devant rester à l'isolement après avoir été en contact avec une personne positive au coronavirus) permettrait de donner un nouvel élan aux relations entre la Turquie et l'Union européenne.

Il en espère des mesures concrètes, comme la mise à jour de l'union douanière, la possibilité de voyager sans visa, ou bien encore dans la prise en compte de la question migratoire, ce qui, a-t-il ajouté, permettrait de repartir sur une base positive.

Emmanuel Macron prêt à un dialogue, sans "intimidation"

La Turquie a retiré la semaine dernière l'Oruç Reis, navire de prospection pétrolière, des eaux contestées de Méditerranée orientale afin de faciliter les efforts diplomatiques avec la Grèce.

Athènes a salué un premier pas positif pour apaiser les tensions autour des ressources en hydrocarbures de la région, dont certaines zones sont revendiquées par les deux pays.

Les tensions entre les deux pays se sont aggravées depuis l'arrivée en août de l'Oruç Reis dans cette zone contestée revendiquée par la Grèce, Chypre et la Turquie. Grèce, France et Italie ont procédé récemment à des manœuvres militaires dans ce secteur.

S'exprimant lui aussi par lien vidéo devant l'Assemblée générale des Nations unies, Emmanuel Macron s'est dit "prêt au dialogue" avec la Turquie mais a ajouté qu'Ankara devait respecter la souveraineté européenne et le droit international, mais aussi clarifier son action en Libye et en Syrie.

"Nous, Européens, sommes prêts au dialogue, à la construction indispensable d'une Pax Mediterranea, mais pas au prix de l'intimidation, pas au prix de la logique du plus fort, dans le respect du droit international, de la coopération et du respect entre alliés", a-t-il dit. "Ces principes sont non négociables."

La présidence turque a par la suite annoncé qu'Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan s'étaient entretenus par téléphone. Le président turc a selon elle souhaité que la France adopte une approche constructive pour désamorcer les tensions et a souligné la nécessité de saisir les ouvertures diplomatiques.

L'Élysée indique pour sa part que le chef de l'État "a rappelé sa disposition constante au dialogue et l'intérêt qu'il attache à une relation solide entre l'Union européenne et la Turquie, sur une base claire et respectueuse des intérêts de chacun."

"À cet égard, il a appelé la Turquie à respecter pleinement la souveraineté des États membres de l'Union européenne ainsi que le droit international, à s'abstenir de toute nouvelle action unilatérale de nature à provoquer des tensions, et à s'engager sans ambigüité dans la construction d'un espace de paix et de coopération en Méditerranée", poursuit la présidence dans un communiqué.

"Il a également appelé la Turquie à respecter pleinement l'embargo sur les armes en Libye dans le cadre défini par les Nations unies, ainsi que les intérêts de sécurité de ses alliés en Syrie", ajoute-t-elle.

Avec Reuters


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