Israël: Benyamin Netanyahu pris en étau entre l'accord de trêve et sa coalition, Gaza toujours sous les bombes

Dans l’entourage du Premier ministre israélien, on confirme qu’Israël est à l’origine de la feuille de route révélée par Joe Biden. Mais le porte-parole du gouvernement israélien a affirmé lundi que Benyamin Netanyahu, jugeait le plan « incomplet ». Pour la radio publique Kan il y a peu d'espoir que l'accord aboutisse.

 

Alors que l'armée israélienne poursuit son offensive terrestre à Rafah, Benyamin Netanyahu est pris à son propre piège : cette fois, il a été mis face à la réalité par le président américain qui a révélé les détails des propositions israéliennes pour une trêve. 

Cette feuille de route rédigée par le cabinet de guerre israélien, prévoit dans une première phase, selon Joe Biden, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages, notamment des femmes et des malades, et de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Cette feuille de route, Benyamin Netanyahu en avait soigneusement caché la teneur, notamment à l’aile droite de son gouvernement, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul

Le cessez-le-feu pourrait devenir « permanent » si le Hamas « respecte ses engagements », selon Joe Biden. Mais Benjamin Netanyahu, a affirmé le samedi 1er juin que les « conditions » pour arriver à un « cessez-le-feu permanent » n'avaient pas changé et comprenaient la « destruction » du mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, ainsi que la « libération de tous les otages ». Le Hamas, lui, a dit considérer « positivement » la feuille de route, mais a aussi réitéré ses exigences d'un cessez-le-feu permanent et d'un retrait total israélien de Gaza.

Mais ce lundi 3 juin, nouveau développement : un porte-parole de Netanyahu affirme que le Premier ministre israélien juge « la proposition présentée par le président Biden incomplète ». « Les allégations selon lesquelles nous avons accepté un cessez-le-feu sans que nos conditions soient respectées sont incorrectes », a déclaré Benyamin Netanyahu, cité dans un communiqué séparé envoyé par son bureau.

Concilier les exigences centristes avec celles d'extrême droite

Et cette situation est surréaliste pour Benyamin Netanyahu puisque celui que l’on qualifiait de magicien de la politique israélienne doit désormais tenter de concilier les exigences centristes de son gouvernement d’urgence - Benny Gantz et Gadi Eizenkot - aux menaces des extrémistes de droite - Ben Gvir et Bezalel Smotrich. Leur point commun : ils ont tous l’intention de quitter une coalition qui, pour le Premier ministre israélien, est la seule bouée de sauvetage face à ses tourments judiciaires, son procès pour corruption et abus de confiance.

L'autre menace supplémentaire pour Benyamin Netanyahu, c'est celle des tractations encore discrètes pour la création d’un nouveau regroupement de centre droit avec des personnalités telles que Avigdor Lieberman, le chef de file du parti russophone Israël Beytenou et Yossi Cohen l’ancien chef du Mossad. Et à l’horizon, une fois encore, de nouvelles élections.

« Dans la bande de Gaza, la population est perdue »

En attendant, les Gazaouis restent sous les bombes. « On espère une trêve. Mais Netanyahu dit que la guerre va se poursuivre. » Qui croire ? « Dans la bande de Gaza, la population est perdue », confie Asma, professeure de français au micro de Sami Boukhelifa. Les informations sont contradictoires. 

Les Gazaouis prient pour une trêve. « Ce serait la fin du cauchemar. Mais ça permettrait surtout la réouverture du terminal de Rafah », dit Asma. C’est la principale porte d’entrée dans la bande de Gaza depuis l’Égypte, via laquelle transite l’aide humanitaire. « Parce que vraiment, ici dans le sud de la bande de Gaza, à Khan Younès et à Rafah, il y a un grand manque en matière de produits alimentaires. Ça fait longtemps que les aides humanitaires ne nous parviennent plus. Et celles qui entrent, sont insuffisantes. »

Début mai, l’armée israélienne a pris le contrôle du terminal de Rafah. Son offensive terrestre en cours dans cette région du sud de la bande de Gaza, cause aussi un déplacement massif de la population. « Toute ma famille a quitté Rafah. Mes tantes, mes oncles, mes cousins et cousines, les grands comme les petits, on a tous quitté Rafah. Ils sont tous à Khan Younès et Al Mawassi au bord de la mer », explique Asma.

Au bord de la mer, des tentes de fortune à perte de vue, où s’entassent les Gazaouis. Israël a décrété une partie du littoral de Gaza « zone humanitaire ». En théorie épargnée par les bombardements. « Mais cette zone est dépourvue de tous moyens de subsistance », dénoncent les Gazaouis. 

 

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