Ukraine: la Russie cible le réseau ferroviaire pour bloquer l'arrivée de l'aide militaire occidentale

Vendredi, des officiels ukrainiens ont affirmé que la Russie effectuait ces frappes sur les infrastructures ferroviaires afin de paralyser l’acheminement d’aide militaire occidentale, quelques jours après le vote par le Congrès américain d’un paquet d’aide militaire de 61 milliards de dollars. La Russie, quant à elle, affirme avoir frappé et détruit un train transportant des armements occidentaux dans le Donbass.

 

L’armée russe a entamé une vague de frappes massives sur des infrastructures ferroviaires ukrainiennes le 19 avril, en bombardant la gare de Dnipro, une des plus grandes du pays, un nœud d’où partent des trains dans toutes les directions vers le nord, l’est et le sud du pays, rapporte notre correspondant à Kiev, Stéphane Siohan.

Cette frappe est intervenue un jour avant le vote par le Congrès américain sur la reprise de l’aide et des livraisons militaires à l’Ukraine. Or, ces équipements et ces stocks de munitions attendent patiemment sur des rails, dans des wagons, à l’est de la Pologne, de pouvoir rentrer sur le territoire ukrainien.

Recrudescence des frappes

Résultat, cette semaine, l’armée russe a effectué plusieurs frappes sur le réseau ferré ukrainien, notamment à Balaklia et Izioum, deux villes stratégiques entre Kharkiv et le Donbass. Les dégâts sont tellement importants que la connexion ferroviaire avec Izioum a été interrompue par Ukrzalysnitsia, la compagnie de chemins de fer ukrainienne.

L'armée russe a quant à elle revendiqué vendredi avoir frappé un « train avec des armements occidentaux et des équipements militaires » dans la localité d'Oudatchné, dans la région de Donetsk, ainsi que des « troupes et équipements » militaires à Balaklia. Si elle n'a pas donné de dates, ces affirmations semblent correspondre aux frappes évoquées la veille par les autorités ukrainiennes. Depuis mars, la Russie a multiplié les frappes visant les infrastructures ukrainiennes, notamment sur des sites énergétiques dont elle a détruit une multitude, et plus récemment sur le réseau ferroviaire.

« L'objectif principal est de gêner la logistique ukrainienne. Du fait que les Occidentaux fournissent beaucoup d'armes à l'Ukraine, elles transitent de l'ouest vers l'est du pays. Même si le réseau ferroviaire ukrainien est relativement robuste parce qu'il a été pensé pendant la guerre froide, il y a de gros nœuds ferroviaires dans le centre du pays et donc frapper ces nœuds ferroviaires va gêner la logistique pour transférer les armes et les hommes depuis l'ouest vers le Donbass », explique Ulrich Bounat, expert en géopolitique et chercheur associé chez Open Diplomacy.

Bien entendu, les autorités ukrainiennes restent discrètes sur les cibles de ces frappes, et sur leur mode d’acheminement des munitions livrées vers le front. Mais déjà au printemps 2023, l’armée russe avait ciblé des gares de tri et des embranchements de lignes ferroviaires, afin de perturber les préparatifs ukrainiens de contre-offensive. 

Une infrastructure ferroviaire vitale

L’enjeu pour Kiev est d’organiser la logistique routière et ferroviaire des flux d’armes, de la manière la plus secrète, pour ne pas livrer d’informations à l’ennemi. L'infrastructure ferroviaire est particulièrement vitale en Ukraine, aussi bien pour le transport passager et le commerce que pour l'armée, car depuis le début de l'invasion russe en février 2022, tout le trafic aérien civil y est paralysé.

Le réseau des chemins de fer était régulièrement visé par des bombardements russes ces deux dernières années. Des frappes ont notamment touché des gares à l'instar de celle de Kramatorsk, dans l'Est, où des dizaines de personnes, essentiellement des civils tentant de fuir les combats, avaient été tués en avril 2022.


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