Lesbos : le camp de migrants de Moria en proie à des incendies

Une vaste opération de sauvetage est menée, mercredi matin, dans ce camp surpeuplé de l'île grecque. Plus d'une vingtaine de pompiers sont mobilisés.

Moria brûle ! Selon les informations livrées par les pompiers grecs mercredi matin, plusieurs feux se sont déclenchés dans les alentours et à l'intérieur de ce camp de migrants bien connu et surtout surpeuplé de l'île grecque de Lesbos. Une vaste opération de sauvetage est en cours. Les soldats du feu indiquent que des « feux épars » se sont déclenchés dans la prairie située autour du camp de Moria, mais aussi à l'intérieur. Au total, pas moins de 25 pompiers sont mobilisés ainsi que 10 véhicules dans le but d'évacuer ce camp.

Celui-ci est réputé comme le plus sordide de toute l'Europe et qui héberge à l'heure actuelle environ 12 700 demandeurs d'asile. Ce qui représente quatre fois sa capacité d'accueil initiale. Les pompiers précisent que pour l'instant, « il n'y a pas de victimes, mais quelques blessés légers avec des problèmes respiratoires dus à la fumée ».

Des migrants en fuite vers le port de Mytilène

Selon un photographe de l'Agence France-Presse sur place, « la quasi-totalité du camp est en feu, aussi bien à l'intérieur que les tentes qui se trouvent à l'extérieur, dans l'oliveraie ». « Des demandeurs d'asile fuient le camp à pied en direction du port de Mytilène, mais sont bloqués par les véhicules des forces de l'ordre », ajoute-t-il.

« La France sera une nouvelle fois au rendez-vous de la solidarité avec la Grèce », a souligné Emmanuel Macron. « L'incendie d'un camp à Lesbos est un drame supplémentaire pour des milliers de migrants déjà en situation de détresse. La France sera une nouvelle fois au rendez-vous de la solidarité avec la Grèce », a indiqué dans un tweet le président de la République à son arrivée en Corse. Il a rappelé qu'il y rencontrerait jeudi le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis à l'occasion d'un sommet des pays du sud de l'Union européenne qu'il préside à Porticcio, une station balnéaire de la baie d'Ajaccio.

« Je suis profondément attristée »

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a fait part de sa « profonde tristesse » face à l'incendie, ajoutant que l'UE se tenait « prête à aider ». « Je suis profondément attristée par les événements dans le camp de réfugiés de Moria en Grèce. J'ai demandé au vice-président (de la Commission) Margaritis Schinas de se rendre en Grèce dès que possible. Nous nous tenons prêts à aider, avec les États membres. Notre priorité est la sécurité de ceux qui se retrouvent sans abri », a-t-elle tweeté. La Commission a annoncé mercredi qu'elle prenait en charge le transfert immédiat vers la Grèce continentale de 400 enfants et adolescents se trouvant dans le camp de réfugiés de Moria. « Mettre en sécurité et à l'abri toutes les personnes se trouvant à Moria est une priorité », a tweeté la commissaire chargée des Affaires intérieures Ylva Johansson, précisant être en contact avec les autorités grecques.

Selon le site d'information locale Lesvospost, plus de 3 000 tentes, des milliers de conteneurs, des bureaux de l'administration et une clinique au sein du camp ont été brûlés. Stand by Me Lesvos, une association regroupant locaux et réfugiés, s'alarme sur Twitter : « Tout brûle, les gens fuient. » « Certains témoignages rapportent que des locaux bloquent le passage (des réfugiés) dans le village voisin », ajoute aussi l'association.

Des feux déclenchés à la suite d'une révolte de demandeurs d'asile

« Depuis plusieurs heures, de grands feux entourent le centre de réception. Les foyers se multiplient […] et avec la force du vent (7-8 beaufort), le feu s'étend rapidement », commente sur sa page Facebook l'association des habitants de Moria et des autres villages environnants. « La zone paie le prix de l'indifférence et de l'abandon », poursuit l'association des habitants, qui appelle les autorités à agir rapidement pour trouver une solution pour les demandeurs d'asile qui seront sans abri après l'incendie.

D'après l'agence de presse grecque ANA, les feux auraient été déclenchés suite à la révolte de certains demandeurs d'asile qui devaient être placés en isolement, ayant été testés positifs au coronavirus ou proches d'une personne ayant été détectée positive. Les pompiers rapportent également dans leur communiqué avoir « été empêchés d'entrer dans le camp pour intervenir » par certains groupes de réfugiés à leur arrivée dans le camp, et avoir fait appel aux forces de l'ordre pour pouvoir poursuivre l'opération de sauvetage.

La semaine dernière, les autorités ont détecté un premier cas de coronavirus dans le camp de Moria et ont mis le camp en quarantaine pour quinze jours. Après la réalisation de 2 000 tests de dépistage, 35 personnes ont été détectées positives au Covid-19 à Moria. « Seulement une personne a présenté des symptômes, les 34 autres sont asymptomatiques », a assuré le communiqué du ministère grec des Migrations. « Les 35 personnes positives au coronavirus ont été transportées dans un espace prévu pour leur isolement », a aussi précisé le ministère.

Un camp largement décrié depuis longtemps

De strictes mesures de circulation ont été imposées dans les camps de migrants depuis la mi-mars. Le gouvernement n'a jamais levé ces restrictions malgré les critiques des ONG de droits de l'homme jugeant ces mesures « discriminatoires » alors que la décision a été prise de déconfiner le pays début mai. Ces ONG dénoncent l'enfermement des demandeurs d'asile dans ces structures qui ne sont pas adaptées pour mettre en place les mesures barrières nécessaires.

Le camp de Moria a été ces dernières années à maintes reprises décrié pour son manque d'hygiène et son surpeuplement par les ONG, qui appellent régulièrement les autorités grecques à transférer les demandeurs d'asile les plus vulnérables vers le continent. Les émeutes et bagarres sont devenues quasi quotidiennes dans le camp de Moria. De janvier à fin août, cinq personnes ont été poignardées dans plus de 15 attaques. En mars dernier, une fillette avait perdu la vie dans un conteneur brûlé. En septembre 2019, deux personnes étaient également décédées dans un incendie.


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