L’aide humanitaire pourrait commencer à arriver à Gaza à partir de vendredi
L’aide humanitaire devrait commencer à entrer à Gaza vendredi 20 octobre, selon les informations livrées ce jeudi par la chaîne égyptienne AlQahera News. Sur place, à Rafah, les poids lourds chargés d’aide se tiennent prêts à venir au secours des Gazaouis. Dans l'enclave, une « catastrophe humanitaire » menace, selon l'OMS.
Les premiers camions d'aide humanitaire à destination de Gaza, promis mercredi par l'Égypte et les États-Unis, pourraient être autorisés à passer le poste-frontière de Rafah vendredi 20 octobre. C’est en tout cas ce qu’annonce ce jeudi un média proche du renseignement égyptien. Selon la chaîne AlQahera News, le terminal de Rafah ouvrira vendredi, pour acheminer l'aide humanitaire vers le territoire palestinien.
Selon le New York Times, citant des responsables des Nations unies (ONU), l'accord conclu prévoit que le drapeau de l'ONU soit hissé au passage de ces camions et que des observateurs internationaux puissent les inspecter avant qu’ils n’entrent dans Gaza. C’est une demande d’Israël, qui redoute que le Hamas n’en profite pour faire transporter des armes.
Signe que les choses pourraient bouger : au terminal de Rafah, des ouvriers ont fait des réparations sur des infrastructures récemment bombardées, près desquelles des dizaines de camions stationnent. Aucun détail n’a été donné sur le nombre de poids lourds qui seraient autorisés à passer. Le président américain, Joe Biden, a annoncé avoir obtenu de son homologue égyptien, Abdel Fatah al-Sissi, de « laisser jusqu'à 20 camions traverser ».
Un nombre totalement insuffisant selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus, estime par ailleurs qu’il n’est pas sûr que l’aide puisse entrer dès vendredi dans l’enclave. L'OMS demande également à Israël d'autoriser les livraisons de carburant dans Gaza, pour alimenter les générateurs des hôpitaux et les stations de désalinisation.
Antonio Guterres: « Il faut un effort durable »
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a plaidé jeudi au Caire pour « un accès humanitaire rapide et sans obstacle » de l'aide humanitaire à Gaza. Il a appelé à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » au 13ème jour de guerre entre Israël et le Hamas.
« Le droit humanitaire international doit être respecté », a martelé Antonio Guterres lors d'une conférence de presse avec le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri. « Il nous faut de la nourriture, de l'eau, du carburant et des médicaments tout de suite, il en faut beaucoup et il en faut de façon durable », a-t-il ajouté.
Antonio Guterres insiste : « Ce qu'il faut, ce n'est pas une petite opération mais un effort durable (...), les humanitaires doivent pouvoir faire entrer l'aide et la distribuer en toute sécurité. (...) La protection des civils est fondamentale, les attaques contre des hôpitaux, des écoles ou des infrastructures de l'ONU vont à l'encontre du droit international. »
Enfin, le dirigeant portugais a eu des mots à propos des personnes retenues en otages : « Le Hamas doit libérer les otages sans condition et Israël doit garantir un accès humanitaire rapide et sans obstacle de l'aide humanitaire aux Palestiniens. »
Les Palestiniens ne devraient pas pouvoir quitter le territoire enclavé
Seuls les journalistes des médias officiels et officieux égyptiens ainsi que ceux des chaînes arabes et « amies » sont admis à la frontière avec Gaza actuellement. Tous les autres se font refouler par une bonne douzaine de barrages sécuritaires allant du canal de Suez à l’Ouest à Gaza à l’Est. C'est le cas depuis des années, mais aujourd’hui, les mesures sont plus draconiennes que jamais.
Israël continue de pilonner la bande de Gaza, où vivent 2,4 millions de Palestiniens plus que jamais en manque de produits de première nécessité. Et Gaza a un besoin urgent d’aide humanitaire, rappelle notre envoyé spécial à Jérusalem, Guilhem Delteil. Le ministre israélien de la Défense a déclaré mettre en place un « siège » du territoire, cessant les livraisons d’électricité, d’eau et de toute marchandise dans l’enclave palestinienne. L’unique centrale électrique est à l’arrêt depuis une semaine. L’accès à l’eau et la nourriture est compliqué. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) juge qu’une « catastrophe humanitaire » menace.
Signe de l’impatience des Gazaouis, quelques dizaines d’habitants se sont rassemblés jeudi matin devant le poste frontière de Rafah, dans l’espoir de pouvoir sortir. Mais selon Joe Biden, l’accord porte sur l’entrée de camions dans l’enclave. Les Palestiniens ne devraient pas être autorisés à partir. Et le président américain a prévenu : en cas de détournement de l’aide par le Hamas, le poste frontière sera à nouveau fermé.
Plus de mille tonnes d'aide
Une centaine de poids lourds égyptiens chargés d’aide humanitaire de la vallée du Nil attendent depuis mercredi devant l’entrée du point de passage de Rafah, rapporte notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti.
Ils attendent que les engins de chantiers envoyés d’Égypte aient fini de remettre en état le point de passage côté palestinien. Le terminal a été réduit à de larges crevasses sablonneuses du fait de plusieurs bombardements israéliens. Avant leur passage, les camions devront avoir aussi obtenu le feu vert des organismes des Nations unies en charge des réfugiés qui eux-mêmes devraient avoir obtenu le feu vert des autorités sécuritaires israéliennes.
En plus de l’aide égyptienne, plus de mille tonnes de produits médicaux, de tentes, de couvertures et de nourriture venus des pays arabo-musulmans, mais aussi d’autres régions du monde sont arrivées ces derniers jours à l’aéroport d’Al-Arich situé à une cinquantaine de kilomètres de Gaza. Il faudra aussi des camions citernes chargés de carburant pour alimenter les générateurs des hôpitaux de Gaza ainsi que d’eau potable.
Le ministère russe des Situations d’urgence a annoncé ce 19 octobre que la Russie va livrer « prochainement » 27 tonnes d'aide humanitaire aux civils de la bande de Gaza. Un Iliouchine 76 chargé de farine, de sucre et de pâtes serait en route vers l’Égypte. L’aide russe est prévue pour arriver sur place via les représentants du Croissant-Rouge égyptien.
Les Palestiniens bloqués à Gaza attendent désespérément ces camions d'aide humanitaire, au 13ᵉ jour d'une guerre meurtrière qui se poursuit, en dépit d'une intense activité diplomatique.
La Chine entre dans le jeu
Le président chinois a ainsi rencontré ce jeudi le Premier ministre égyptien Moustafa al-Madbouly. Xi Jinping annonce vouloir « apporter » davantage de « stabilité » dans la région, rapporte notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde. Pékin, qui a aidé à la réconciliation entre les frères ennemis iraniens et saoudiens au printemps dernier, entend continuer à jouer les médiateurs dans la région. L'Égypte a été qualifiée de « bon ami » de la Chine par Xi Jinping ce jeudi au grand palais du peuple lors d'une rencontre avec le Premier ministre égyptien.
« La Chine est disposée à renforcer la coopération avec l'Égypte dans divers domaines, afin de défendre l'équité et la justice internationales ainsi que les intérêts communs des pays en développement, et travailler ensemble à apporter plus de certitude et de stabilité à la région et au monde. »
Le numéro un chinois a également indiqué à cette occasion que la Chine soutenait les efforts de l’Égypte pour ouvrir des couloirs humanitaires vers Gaza. Le Caire et Pékin se sont encore rapprochés ces derniers mois, alors que la Chine soutient l’adhésion de l’Égypte aux BRICS, le groupe des émergents, à partir de l’année prochaine. La priorité au Proche-Orient est de parvenir à un cessez-le-feu entre Israéliens et Palestiniens et la « voie fondamentale » pour sortir du conflit réside dans la mise en œuvre de la « solution à deux États », a fait savoir le chef de l’État chinois dans des propos rapportés par l’agence Chine Nouvelle.
Une position applaudie par les représentants des pays arabes lors du 3ᵉ sommet des Nouvelles routes de la soie qui vient de s’achever dans la capitale chinoise.
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