Reste-t-il encore un sous-marin russe en Méditerranée ?
Le sous-marin russe Krasnodar a franchi samedi 14 octobre le détroit de Gibraltar sans être remplacé. Il s’agit peut-être du signe d’un affaiblissement de la marine russe en Méditerranée.
Le samedi 14 octobre au matin, le sous-marin russe Krasnodar, numéro de coque B-265, a franchi le détroit de Gibraltar pour rejoindre l’Atlantique, indique l’analyste naval belge Frederik Van Lokeren sur son compte X, @KaptainLOMA.
Le Krasnodar est un sous-marin de la classe « Improved Kilo » projet 636.3 « Varshavyanka », un submersible diesel-électrique. Il dispose d’une autonomie de 45 jours et peut plonger à 300 mètres de profondeur, armé de 4 missiles de croisières Kalibr, de 18 torpilles de 533 mm et de 24 mines. Surtout ce sous-marin de dernière génération est réputé être très silencieux, par conséquent difficile à détecter. Selon le site Opex 360, en 2017, justement le B-265 Krasnodar – « aurait donné du fil à retordre » aux forces navales occidentales présentes en Méditerranée.
Selon le relevé effectué par Frederik Van Lokeren, fait rarissime, il n’y aurait donc plus aucun sous-marin russe en Méditerranée. La flotte russe dans la zone se limiterait désormais à cinq unités : deux corvettes le « Orehovo Zuyevo » et le « Merkury », un bâtiment de guerre électronique, le « Kildin » ainsi que deux navires ravitailleurs.
L’absence de sous-marin russe en Méditerranée pourrait s’expliquer par la grande difficulté que rencontre la Marine russe pour y régénérer sa flotte. Depuis la fermeture des détroits turcs – en vertu des accords de Montreux qui autorisent Ankara à fermer l’accès à la mer Noire en cas de conflit – plus aucun navire de la flotte russe de la mer Noire ne peut entrer en Méditerranée.
La marine russe qui dispose d’un point d’appui en Syrie au port de Tartous est contrainte depuis le 24 février 2022 – date du début du conflit avec l’Ukraine – de déployer en Méditerranée des navires issus de sa flotte du Nord (Mourmansk) ou d’Extrême-Orient (Vladivostok). Des ports d’attache très éloignés, ce qui représente une contrainte difficilement supportable pour la marine de guerre russe.
Après avoir navigué pendant deux mois, cet été, en Méditerranée orientale, le commandant de la frégate de défense aérienne de la Marine Nationale, FDA « Chevalier Paul », Antony Branchereau, indiquait fin septembre à RFI que : « La flotte russe qui est en Méditerranée orientale, ses unités naviguent beaucoup et notamment sont utilisées pour l’escorte de bâtiments civils qui assurent le flux logistique entre la mer Noire et le port de Tartous en Méditerranée. Je rappelle que les bâtiments civils, eux, ne sont pas soumis au blocage des détroits qui ont été décidés par la Turquie dans le cadre de la Convention de Montreux. Je ne pourrais pas donner précisément l'identité des bateaux russes que l’on est amené à croiser, mais vous avez des corvettes, des frégates modernes, quelques unités sous-marines également et des plus petits moyens qui restent basés à Tartous et qui sortent peu. La marine russe, la marine française et les autres navires de l’Otan naviguent dans un espace assez restreint, la Méditerranée orientale. »
« Dans cet espace, il est fréquent, presque quotidien, que des unités de l'Otan croisent des unités russes. On constate une diminution des moyens russes par rapport à février 2022, peut-être dû à un relatif épuisement… Comme il n’y a plus d’accès à la mer Noire, la marine Russe est soutenue par les flottes du Nord et les flottes du Pacifique. Ce qui, pour eux, impose de longs déplacements pour assurer des relèves et des maintenances également. »
Si d’aventure, la notable absence de sous-marin russe en Méditerranée n’était pas dû à un « relatif épuisement » de la flotte, la très visible sortie en surface du Krasnodar par Gibraltar, pourrait masquer la possible arrivée plus discrète cette fois, d’une autre unité sous-marine. À ce stade, aucun mouvement de la sorte n’a été révélé par les marines occidentales croisant en Méditerranée…
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