En plein conflit, Kiev veut la "parité de feu" avec les russes dans le Donbass

Les Ukrainiens ont donné l'ordre à leurs forces de se retirer de la ville de Sievierodonetsk, un verrou stratégique. Mais la bataille pour le Donbass n'est pas pour autant finie.

 

« Cela ne fait plus aucun sens de rester sur des positions qui ont été constamment bombardées depuis des mois », et alors que la ville a été « presque réduite en ruines » par les bombardements continuels, a reconnu vendredi matin sur Telegram Serhiy Haidai, le gouverneur de Louhansk, où se situe Sievierodonetsk.

« Toutes les infrastructures essentielles ont été détruites. 90% de la ville est endommagée, 80% des maisons devront être détruites », selon lui. Ces bombardements massifs ont fini par faire céder les soldats ukrainiens, mais sans nécessairement changer fondamentalement la donne sur le terrain, selon des experts. C'est notamment ce que déclare une haute responsable du Pentagone : « Les Russes arrivent tout juste à gagner du territoire centimètre par centimètre. [...] Je pense qu'il est important de réfléchir au coût payé par la Russie pour ce très petit gain ».

Elle ajoute qu'« il faut comparer les gains limités que la Russie a obtenus aux plans de la Russie à l'origine », qui étaient d'avoir à ce stade pris Kiev et de dominer complètement l'Ukraine. « Au lieu de cela, ce que nous voyons, ce sont des gains au pourtour » du pays.

De son côté, le général Dominique Trinquand estime que ce repli est le bienvenu, mais arrive un peu tard. Les Ukrainiens ont commis une erreur stratégique en s’accrochant à la défense de cette ville pilonnée par les Russes. « Le gouverneur de Sievierodonetsk avait déjà annoncé il y a quinze jours qu'ils ne pouvaient plus résister, qu'ils devaient se retirer. Et après une intervention de Kiev, il avait annoncé le lendemain qu'il était capable de reprendre Sievierodonetsk en 48h. Ce qui était évidemment faux. »

La bataille pour Lyssytchansk commence

Selon un point de l'État-major ukrainien, les forces russes ont bombardé pendant la nuit, les villages près de Sievierodonetsk et tentent de couper Lyssytchansk. Un village clé permettant aux Russes de couper les communications vers Lyssytchansk a notamment été pris vendredi par les forces pro-russes. Vers Bakhmout, les forces ukrainiennes ont repoussé les attaques russes près des communautés de Volodymyrivka et Pokrovske, forçant ces derniers à battre en retraite. 

« La bataille de Sievierodonetsk s'achève. La bataille de Lyssytchansk va commencer. La même tactique sera sûrement utilisée avec de l'artillerie massive avant de faire pénétrer l'infanterie dans les villes, analyse le chercheur Dominique Minic de l'Ifri. Les mêmes faiblesses russes continueront d'être perceptibles, mais ils ont la masse d'artillerie et la concentration d'infanterie suffisante dans cette zone. »

Pour lui, si la bataille de Lyssytchansk risque de ressembler à celle de sa ville jumelle Sievierodonetsk, la différence pourrait se faire lors des batailles pour les villes de Kramatorsk et Sloviansk qui sont des zones très fortifiées. Pour l'instant, l'armée russe n'a pas suffisamment de troupes pour encercler ces villes clés dans la bataille du Donbass après avoir usé ses troupes à Sievierodonetsk.

Un besoin d'artillerie

Pour faire face au feu continu de l'armée russe, les Ukrainiens réclament depuis des semaines plus d'artilleries à ses alliés occidentaux. « J'ai souligné la nécessité d'atteindre la parité de feu avec l'ennemi, ce qui nous permettra de stabiliser la situation dans la région la plus menacée de Louhansk », a déclaré le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeriy Zaluzhnyi, en rendant compte sur sa page Facebook d'un entretien téléphonique avec son homologue américain, le général Mark Milley. Les forces ukrainiennes sont confrontées à un manque d'obus pour son artillerie soviétique, a pointé le Washington Post.

Une première livraison d'une douzaine de canons français Caesar sont déjà arrivés en Ukraine, alors que qu'Emmanuel Macron en a promis six autres en visite à Kiev. Mardi 21 juin, des canons automoteurs allemands Panzerhaubitze 2000 sont arrivés dans son arsenal.

Vendredi, des premières images d'utilisation des lance-roquettes américains Himars ont été diffusés. Ces derniers sont d'une portée supérieure à celles de l'armée russe et pourraient faire la différence sur le terrain. « L'été sera chaud pour les occupants russes. Et le dernier pour certains d'entre eux », a menacé le ministre de la Défense ukrainien, Oleksiï Reznikov, sans préciser combien de Himars avaient été livrés par les Américains.


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