Inde: offensive policière contre les célébrités de Bollywood

La police fédérale indienne est lancée depuis des mois dans une offensive contre le monde de Bollywood. Les célébrités les plus adulées du pays sont accusées, les unes après les autres, de consommation ou trafic de drogue, au point que certains y voient une cabale politique. Cette offensive policière s’est encore accrue ces derniers jours, avec l’arrestation du fils du plus grand acteur de Bollywood.

 

Il s’appelle Aryan Khan et il n’est autre que le fils de Shah Rukh Khan, celui qu’on surnomme le Roi de Bollywood. Ce jeune homme de 23 ans a été arrêté il y a deux semaines avec sept autres fils de célébrités ou de riches Indiens, à bord d’un bateau de croisière de luxe, lors d’une descente de la police anti-drogue. Cette dernière aurait trouvé de petites quantités de cocaïne, de drogue chimique chez certains. Et six grammes de marijuana sur un ami d’Aryan, mais rien sur Aryan Khan lui-même. Les tests sanguins ont aussi révélé qu’il n’avait pas consommé de drogue.

Et pourtant, la police affirme qu’il ferait partie d’un réseau international de stupéfiants, en se basant uniquement sur quelques messages récupérés sur sa messagerie WhatsApp. La cour, face à ces allégations, a refusé de le relâcher sous caution, et voici donc le fils du plus célèbre acteur indien en prison depuis deux semaines, sans autre preuve que quelques messages sur son téléphone. 

Une ruse des autorités pour détourner l’attention de la population ?

Et ce n’est pas la première fois que la police s’acharne contre les acteurs de Bollywood. Dernièrement, c’est même devenu une affaire quotidienne. Evasion fiscale, pornographie, et surtout affaires de drogues - le monde de Bollywood n’est pas rose ni innocent, mais il semble y avoir un zèle extraordinaire de la part des autorités à discréditer ces acteurs, et les présenter comme des dépravés. Car cette cabale semble avant tout être médiatique : depuis un an, d’énormes accusations de trafic de drogue sont levées pour finalement n’aboutir à aucune condamnation.

Par contre, cela détourne efficacement l’attention : l’année dernière, une affaire similaire a duré trois mois, les médias ne parlaient plus que de cela, alors que la pandémie ravageait le pays. Cette fois ci, cette descente arrive juste après que le convoi du fils d’un ministre fédéral a écrasé et tué quatre paysans qui manifestaient. 

L'idéologie du pouvoir avant tout

Le désaccord entre Bollywood et le gouvernement est également idéologique. Tout le monde comprend en effet qu’en accusant ainsi Aryan Khan, c’est son père qui est visé. Les raisons précises ne sont pas connues, mais il est clair que Shah Rukh Khan représente tout ce que détestent les nationalistes hindous au pouvoir : c’est un musulman riche et influent, intégré et marié à une hindoue, qui promeut des idées de tolérance religieuse.

Par cette affaire, le gouvernement chercherait à ternir son image et à réduire son influence, pour promouvoir des messages plus proches de son idéologie portée par de nouvelles figures. Et cela semble déjà fonctionner car des films patriotiques, à la gloire d’opérations de l’armée indienne ou même du Premier ministre lui-même, sont récemment sortis. Bollywood, plus grande industrie de cinéma du monde, peut en effet devenir une formidable machine de propagande. 


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