«Une question de semaines»: en Afghanistan, la victoire des talibans est imminente

La Chine a rapatrié 210 de ses ressortissants d'Afghanistan. Le retrait des troupes américaines s'accélère et les forces talibanes affirment contrôler 85% du territoire. Alors que l'armée régulière est en pleine débâcle, étrangers et Afghans craignent une victoire totale imminente des talibans.

 

La Chine a appelé tous ses citoyens à quitter le pays voisin. Les Afghans eux-mêmes regardent vers l'étranger. Des milliers de soldats auraient déjà fui vers le Tadjikistan. Ils auraient été abandonnés par leurs chefs, sans ravitaillement, assiégés alors qu'ils tentaient de défendre le poste frontière entre les deux pays. Certains d'entre eux décrivent une situation chaotique marquée par l'absence de communication avec la hiérarchie militaire à Kaboul.

Ces deux derniers mois, les talibans ont conquis de vastes portions du territoire. L'offensive a été lancée au début du retrait bientôt terminé des forces américaines et de l'OTAN. C'est ainsi la fin de vingt ans d'intervention militaire déclenchée par les attentats du 11-septembre. Tout le monde s'attend désormais à la chute de Kaboul aux mains des Talibans dans les semaines qui viennent. Les négociations politiques entre le gouvernement et les insurgés sont au point mort.

La chute de Kaboul, c'est ce que craint aussi Pierre Servent, expert en stratégie militaire : « Les talibans ont battu la plus forte coalition internationale qui n’ait jamais été rassemblée sous le ciel. Donc, il est évident qu’un jour ou l’autre, mais pour moi, c’est une question de semaines, Kaboul va tomber. Il ne peut pas en être autrement ! Et c’est quelque chose que nous savions d’ailleurs depuis extrêmement longtemps. »

 

Quelques résistances

e samedi 10 juillet, le gouverneur de la province de Badghis, Hessamuddin Shams, a indiqué que les talibans avaient de nouveau attaqué la capitale provinciale Qala-i-Naw, mais avaient été repoussés. Qala-i-Naw est la première grande ville dans laquelle les talibans avaient réussi à pénétrer depuis le début de leur offensive, s'emparant jeudi de plusieurs bâtiments officiels, avant d'en être chassés le lendemain.

Les autorités afghanes ont affirmé ce samedi se préparer à lancer une offensive pour reprendre le plus important poste-frontière avec l'Iran, dont les talibans se sont emparés la veille.

Le retour des chefs de guerre ?

L'affaiblissement de l'armée renforce la position des chefs de guerre, alimentant la crainte que l'Afghanistan sombre dans une nouvelle guerre civile comme après le départ en 1989 de l'Armée rouge, intervenue dix ans plus tôt pour soutenir le régime communiste afghan face à une insurrection islamique.

Pour Pierre Servent, les seigneurs de guerre n'ont pas intérêt à s'opposer frontalement aux talibans, mais plutôt à défendre leur territoire :

 

Pierre Servent sur le rôle des seigneurs de guerre

Oriane Verdier

La nature de l’Afghanistan est d'être, non pas un État central, mais un État contrôlé par un certain nombre de féodaux. Donc bien sûr, les seigneurs de la guerre – puisqu’on les a appelés comme ça – qui avaient réussi à conserver leur territoire, vont le conserver et vont faire valoir, d’abord, leur intérêt personnel. Mais ils n’ont aucun intérêt concret à s’allier. Leur intérêt est de dominer la zone dans laquelle ils vivent et dans laquelle ils ont établi leur pouvoir. Donc ils n’ont pas d’intérêt concret à vouloir rentrer dans une guerre qu’ils perdront, face aux talibans.

D'ailleurs, face à l'avancée talibane au nord, l'un des chefs de guerre de la région a affirmé mobiliser leurs hommes. Si ces commandants de milices locales pourraient reprendre le contrôle de leur région, ils ne changeront pas la donne sur le plan national.


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