Le président Erdogan en Azerbaïdjan pour fêter la "glorieuse victoire" dans le Haut-Karabakh

Arrivé à Bakou pour prendre part aux célébrations de la victoire azerbaïdjanaise face aux forces arméniennes lors du récent conflit dans le Haut-Karabakh, le président turc Recep Tayyip Erdogan a clamé jeudi que la "lutte" de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie devait se poursuivre.

 

Le président turc Recep Tayyip Erdogan célèbre en Azerbaïdjan, jeudi 10 décembre, la victoire de cet allié face aux forces arméniennes dans le Haut-Karabakh, facilitée par le précieux soutien d'Ankara.  

S'adressant aux soldats azerbaïdjanais rassemblés à Bakou, il a affirmé que "le fait que l'Azerbaïdjan a sauvé ses terres de l'occupation ne signifie pas que la lutte est terminée".

"La lutte dans les sphères politiques et militaires va se poursuivre désormais sur de nombreux autres fronts", a-t-il clamé.

Appelant les dirigeants arméniens à "revenir à la raison" après leur défaite dans cette guerre de six semaines menée à l'automne, il a assuré que la reconquête de nombreux territoires par l'Azerbaïdjan "sera le début d'une nouvelle ère".

 

L'Arménie "doit voir qu'elle n'obtiendra aucun résultat avec les encouragements des impérialistes occidentaux", a encore tonné Recep Tayyip Erdogan – dont le pays est membre de l'Otan –, accusant par ailleurs Erevan de s'être livré à des crimes de guerre et de n'avoir apporté que "massacre, destruction et larmes".

L'ONG Amnesty International a elle appelé jeudi à des enquêtes indépendantes pour identifier les auteurs de crimes de guerre commis par les forces azerbaïdjanaises ou arméniennes afin de les "traduire en justice".

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a de son côté salué le soutien sans faille d'Ankara lors du conflit, qui a "donné confiance au peuple azerbaïdjanais".

"L'Arménie n'a pas été en mesure de nous concurrencer tant sur le plan économique que sur le plan militaire", s'est-il félicité.

Des "pays frères"

La Turquie a fermement soutenu l'Azerbaïdjan lors de sa guerre meurtrière contre les forces arméniennes dans cette enclave montagneuse du Caucase, disputée depuis des décennies. Les combats ont débouché sur un accord de cessation des hostilités négocié sous l'égide de Moscou, qui a acté une déroute militaire arménienne et accordé d'importants gains territoriaux à Bakou.

Cette défaite humiliante pour une Arménie qui avait vaincu les forces de Bakou lors d'une première guerre dans les années 1990 a provoqué des célébrations en Azerbaïdjan et la fureur à Erevan, où l'opposition exige désormais la démission du Premier ministre, Nikol Pachinian.

À la faveur de cet accord, le Haut-Karabakh, dont le statut n'est pas réglé, continue d'exister, amoindri et affaibli. Des soldats de maintien de la paix russes sont déployés dans la région.

La Turquie, qui a renforcé par son soutien à Bakou son poids géopolitique dans le Caucase, pré carré russe, participera également à la surveillance du cessez-le-feu par l'intermédiaire d'un centre conjoint avec la Russie, basé en Azerbaïdjan.

La Turquie et l'Arménie, des ennemis historiques

"L'Azerbaïdjan n'aurait pas été capable d'obtenir un succès militaire au Karabakh sans le soutien politique ouvert de la Turquie", a souligné auprès de l'AFP l'analyste Elhan Shahinoglu, du centre de réflexion Atlas basé à Bakou.

Selon lui, sans le soutien d'Erdogan, la Russie, puissance régionale et alliée de l'Arménie, serait parvenue à mettre la pression sur Bakou et à faire cesser les combats, comme ce fut le cas lors d'autres échauffourées ces dernières années.

Durant la guerre des derniers mois, l'Arménie a accusé la Turquie d'être impliquée directement dans les combats, ce qu'Ankara dément. Plusieurs pays dont la France ont également dénoncé l'envoi sur le front aux côtés des forces azerbaïdjanaises de combattants proturcs venus de Syrie.

La Turquie fait figure d'ennemi héréditaire de l'Arménie, Erevan gardant le souvenir du génocide des Arméniens de 1915. Les deux pays ont fermé leurs frontières en 1993 et n'ont aucunes relations diplomatiques depuis.

Les Arméniens estiment que 1,5 million des leurs ont été tués de manière systématique par les troupes de l'Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale.

La Turquie récuse le terme de génocide, en évoquant des massacres réciproques.

"Une nation, deux États"

En 2009, Erdogan a rejeté des efforts de réconciliation avec Erevan sous égide internationale, insistant sur le fait que les relations diplomatiques ne pouvaient être restaurées qu'après le retrait des forces arméniennes du Haut-Karabakh.

Généralement symbolisée par le slogan "Une nation, deux États", l'alliance entre la Turquie et l'Azerbaïdjan, pays musulman turcophone, a été forgée lorsque Bakou a obtenu son indépendance de l'URSS en 1991 et s'est encore renforcée sous la présidence de Recep Tayyip Erdogan.

La coopération politique, économique et militaire entre les deux pays a notamment vu la Turquie aider l'Azerbaïdjan à entraîner et équiper son armée et à faciliter les exportations d'hydrocarbures vers l'Europe en contournant la Russie.


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