La banque italienne UniCredit accentue son offensive sur son homologue allemande Commerzbank

Publié le 23/09/2024 | Ajouter un commentaire

Le PDG d'Unicredit, Andrea Orcel, a accentué ainsi la pression sur la direction de Commerzbank ainsi que sur le gouvernement allemand, qui cherche à empêcher une acquisition de la deuxième plus grande banque privée allemande.

UniCredit a acquis 11,5% de Commerzbank par le biais d'instruments financiers et confirmé avoir demandé l'autorisation à la Banque centrale européenne (BCE) de porter sa participation jusqu'à 29,9%, le seuil de déclenchement d'une offre publique d'achat (OPA) étant fixé à 30% en Allemagne.

La banque italienne a toutefois précisé que sa nouvelle acquisition était encore suspendue au feu vert de la BCE à la montée au-dessus de 10% du capital de Commerzbank, une formalité qui devrait lui permettre de devenir son premier actionnaire devant l'État l'allemand.

La banque avait surpris les marchés en annonçant il y a une dizaine de jours l'acquisition de 9% de Commerzbank, recapitalisée à grands frais par Berlin après la crise de 2009, et en laissant entendre qu'elle pourrait encore monter au capital.

Une part de 4,49% a été rachetée dans le cadre d'une procédure accélérée pour le compte de l'État allemand pour 702 millions d'euros. Le reste de la participation avait été acheté auparavant sur le marché, portant le montant de l'ensemble de l'opération à environ 1,4 milliard d'euros.

La situation inquiète en Allemagne 

Contactée par l'AFP, Commerzbank n'a pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat. Le gouvernement allemand avait annoncé vendredi ne pas vouloir mettre en vente «jusqu'à nouvel ordre» d'autres lots de la participation publique dans Commerzbank, se disant décidé à soutenir l'indépendance de la deuxième banque allemande.

«La stratégie de la banque est orientée vers l'indépendance. Le gouvernement fédéral l'accompagnera jusqu'à nouvel ordre en maintenant sa participation», avait indiqué l'agence fédérale des Finances. La participation de l'État allemand était passée de 16,5% à 12% après la vente de 4,49% à UniCredit.

Cette transaction avait suscité en Allemagne des inquiétudes sur un rachat total de Commerzbank par la banque italienne, qui possède déjà le prêteur bavarois HypoVereinsbank. Andrea Orcel avait cependant exclu jeudi de lancer une OPA hostile sur Commerzbank, jugeant que «ce serait un acte agressif», dans un entretien au quotidien Il Messaggero. «Il n'y a pas d'urgence, voyons comment la situation évolue, nous nous mettrons d'accord sur ce qu'il convient de faire», a ajouté Andrea Orcel.

La volonté d'UniCredit de monter au capital de sa concurrente a mis le monde politique et financier allemand en ébullition. L'État allemand serait inspiré de «conserver» ses titres Commerzbank, l'important étant «de réfléchir calmement à ce qui est sur la table et à la manière d'y réagir», avait plaidé mardi à Berlin la directrice financière de Commerzbank, Bettina Orlopp.

«Nous avons d'abord besoin de calme, car nous avons tous été très surpris», avait-elle ajouté, en allusion à l'incursion d'UniCredit dans le capital du groupe.

Un fort potentiel de «création de valeur»

Et d'éventuelles noces entre Commerzbank et UniCredit seraient vues d'un mauvais œil par le syndicat des services Verdi, qui siège au conseil de surveillance de la banque allemande.

Le patron italien a assuré de son côté n'avoir jamais fait mystère de son intérêt pour Commerzbank. Toutes les options sont désormais sur la table: la banque italienne a assuré lundi avoir «toute flexibilité» afin de «conserver» sa participation, la vendre« ou alors »l'augmenter ultérieurement«.

«Il existe un important potentiel de création de valeur qui peut être tirée de Commerzbank, soit dans un scénario autonome, soit au sein d'UniCredit», au «bénéfice de l'ensemble de l'Allemagne», juge la banque italienne.

Surnommé le «Cristiano Ronaldo des banquiers» en raison de sa riche expérience dans le domaine des fusions-acquisitions, M. Orcel dispose d'un trésor de guerre qu'il avait chiffré en mars entre 9 et 10 milliards d'euros. Et il multiplie les interviews pour vanter »le potentiel" d'un rapprochement entre les deux groupes.


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