Liban : le Hezbollah achemine du carburant importé d'Iran via la Syrie

Des camions-citernes transportant du carburant iranien sont arrivés, jeudi, au Liban, via la Syrie. Une opération organisée par le Hezbollah en dépit des sanctions américaines qui frappent l'Iran.

 

Alors que le Liban est en proie à des pénuries de carburants, des dizaines de camions transportant du fioul iranien et acheminés par le Hezbollah, sont arrivés jeudi 16 septembre au Liban, depuis la Syrie, a constaté un correspondant de l'AFP sur place. 

En août, le chef du mouvement chiite pro-Iran, Hassan Nasrallah, avait annoncé le départ d'un premier navire iranien chargé de carburant destiné au Liban, promettant que d'autres allaient suivre, alors que l'État libanais, en faillite et à court de devises étrangères, peine à importer.   

Un premier convoi de 20 camions-citernes, portant des plaques d'immatriculation syriennes est entré en territoire libanais mercredi matin via un passage illégal dans la région du Hermel, dans l'est du pays, a indiqué le correspondant de l'AFP sur place.

 
 
 

Quatre millions de litres d'essence

Arrivés de Syrie, où le navire iranien a déchargé sa cargaison au port de Banias, les camions-citernes ont été accueillis dans la liesse par des sympathisants du parti pro-iranien stationnés le long de la route menant de Hermel à Baalbeck, deux fiefs du Hezbollah. De part et d'autre de la route, des femmes ont lancé des youyous ainsi que du riz et des pétales de roses, tandis que des hommes brandissaient des drapeaux du parti chiite.  

Au total, 80 camions-citernes, d'une capacité totale de quatre millions de litres, devaient arriver jeudi au Liban. Ils déchargeront leurs cargaisons à Baalbeck dans les réservoirs des stations-service Amana, détenues par le Hezbollah et visées depuis février 2020 par des sanctions américaines, avant d'être distribuées sur le marché, par ordre de priorités.     

"C'est une aide humanitaire qui répond aux besoins de la population et des producteurs de pain, de farine et des produits de première nécessité", affirme Jawad, 50 ans, un habitant du Hermel. Le Hezbollah a en effet décidé d’offrir gratuitement la moitié de la cargaison : 15 millions de litres seront distribués entre le 16 septembre et le 16 octobre aux hôpitaux gouvernementaux, aux orphelinats, aux maisons de retraite et aux municipalités qui le souhaitent.

Le Hezbollah "ne prendra pas la place de l'État, c'est une mesure temporaire jusqu'à ce que l'État puisse assumer ses fonctions", ajoute-t-il, en allusion aux critiques lancées par des Libanais à l'adresse du parti, l'accusant d'instaurer un État dans l'État et d'exposer le Liban au risque de sanctions économiques.

Ennemi juré des États-Unis et d'Israël et visé par des sanctions, le Hezbollah est un poids lourd de la vie politique libanaise.    

Depuis l'automne 2019, le Liban vit au rythme d'une crise inédite, qualifiée par la Banque mondiale comme l'une des pires au monde depuis 1850, ayant vu sa monnaie nationale perdre plus de 90 % de sa valeur face au dollar. Depuis des mois, des files d'attente interminables se forment devant les stations-service.

L'arrivée du fuel iranien intervient quelques heures avant l'adoption prévue par le nouveau gouvernement de son plan d'action, après la mise en place vendredi d'une équipe ministérielle au terme de treize mois d'un vide ayant aggravé la crise.


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