Centrafrique: les victimes du groupe rebelle LRA interpellent la Cour pénale internationale

En Centrafrique, les victimes de l’Armée de résistance du Seigneur, le groupe rebelle du milicien Joseph Kony, espèrent toujours faire entendre leur voix et être représentées devant la Cour pénale internationale.

 

Jusque là, les investigations de la Cour pénale internationale (CPI) n'ont porté que sur les crimes commis par la LRA en Ouganda, et elles ont pris fin le 1er décembre 2023. Si le procureur de la Cour espère pouvoir organiser des audiences contre le chef de la l’Armée de résistance du Seigneur en son absence, puisque Joseph Kony demeure introuvable après vingt ans d'enquête, l'association des victimes centrafricaines (AVLRAC) lui demande quant à elle de s'auto-saisir des crimes commis en Centrafrique.

Au total, 1 746 victimes de la LRA ont été - à ce jour - identifiées dans le pays avec l'aide des Nations unies, selon Aubin Kotto-Kpenze. Kidnappé en 2008, médecin de Joseph Kony pendant deux ans, le président de l'association (AVLRAC) demande aux autorités de son pays de saisir la CPI pour rejoindre le dossier en cours d'instruction : « Nous sommes face à la justice parce que Kony a commis des violations à la population centrafricaine. Mais c'est ça qui nous fait défaut, que nous demandons au gouvernement, car il n’y a pas eu une volonté politique pour soutenir les victimes centrafricaines », rapporte-t-il au micro de François Mazet. 

« Il faut parler aussi des victimes centrafricaines »

Faute de volonté politique, les victimes estiment que le procureur Karim Khan peut s’auto-saisir et joindre leur plainte, déposée l'an dernier, à la procédure sur les crimes commis en Ouganda : « Si on parle exclusivement de victimes de l'Ouganda, il faut aussi parler des victimes centrafricaines parce que nous sommes en association. La plainte des victimes centrafricaines est devant le procureur de la CPI. Il peut aussi auto-saisir pour les victimes centrafricaines et la réparation aux victimes centrafricaines. »

Le bureau du procureur espère donc pouvoir tenir des audiences contre Joseph Kony en son absence. Mais pour les indemnisations, il faudrait une condamnation et un procès qui ne peut se dérouler par contumace. Les espoirs des victimes centrafricaines sont donc bien minces.

Sur les cinq chefs de la LRA visés par des mandats de la CPI en 2005, trois sont décédés, et Joseph Kony est toujours considéré en fuite.


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