Iran : l’annonce de l’exécution d’un lutteur dénoncée à l’international

L’Iran a annoncé samedi avoir exécuté un jeune lutteur, Navid Afkari, pour le meurtre d’un fonctionnaire lors de manifestations contre le gouvernement en 2018, une décision dénoncée sur les réseaux sociaux et à l’étranger.

La sentence du « qesas », c’est-à-dire la « loi du talion », une peine de « rétribution », a été exécutée ce matin dans une prison de Chiraz (sud), a indiqué à la télévision le procureur général de la province de Fars, Kazem Mousavi.

La peine capitale a été appliquée « face à l’insistance de la famille de la victime », Navid Afkari a-t-il ajouté.

Mais selon l’avocat de M. Afkari, Me Hassan Younessi, une rencontre avec la famille de la victime aurait dû avoir lieu dimanche pour « demander pardon » et ainsi éviter l’application de la peine capitale.

M. Younessi s’était insurgé sur Twitter : « Étiez-vous si pressés que vous avez refusé à Navid son droit à une dernière visite », comme le prévoit le Code pénal selon lui.

Le Comité international olympique (CIO) s’est déclaré « choqué » par l’exécution, jugeant « profondément regrettable » que les demandes d’athlètes et d’organisations à travers le monde pour empêcher l’exécution du lutteur n’aient pas été entendues.

« Nos pensées sont avec la famille et les amis de Navid Afkari », a réagi le CIO dans un communiqué.

Global Athlete, association de sportifs de haut niveau souvent critique envers les instances sportives, a demandé au CIO et à la Fédération internationale de lutte des sanctions immédiates pour exclure l’Iran.

Après cette « exécution odieuse », « ce gouvernement ne mérite plus le privilège de participer aux compétitions internationales de sport », a estimé Global Athlete.

Une association mondiale représentant 85 000 athlètes, World Players United, avait appelé l’Iran à épargner le sportif.

Selon Amnistie internationale, le dernier contact entre M. Afkari et sa famille a eu lieu le 6 septembre par téléphone.

L’organisation de défense des droits de la personne a dénoncé dans un communiqué l’exécution « secrète » de Navid Afkari, la qualifiant de « parodie de justice » après un procès « manifestement inéquitable ».

Selon l’Autorité judiciaire, M. Afkari avait été reconnu coupable d’« homicide volontaire » sur un fonctionnaire de la régie publique de l’eau à Chiraz (sud), poignardé le 2 août 2018.

Comme plusieurs autres villes d’Iran, Chiraz avait été le théâtre ce jour-là de manifestations hostiles au pouvoir et dénonçant la situation économique et sociale du pays.

Réactions internationales

Le verdict, annoncé début septembre, avait fait polémique et les soutiens avaient afflué en Iran comme à l’étranger après la publication d’informations affirmant que M. Afkari, 27 ans, avait été condamné sur la base d’aveux extorqués sous la torture.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a dénoncé cette exécution « cruelle ». « C’est une attaque scandaleuse contre la dignité humaine, même selon les critères ignobles de ce régime », a-t-il tweeté.

Le président américain Donald Trump avait appelé l’Iran à « épargner » la vie d’une « grande vedette de la lutte […] qui n’a fait que participer à une manifestation antigouvernementale ».

A Londres, un groupe de manifestants a protesté samedi devant l’ambassade d’Iran contre l’exécution, brandissant des portraits du guide suprême et du président iraniens barrés d’une croix.

Avec au moins 251 exécutions en 2019, l’Iran est, après la Chine, le pays qui a le plus recours à la peine capitale, selon le dernier rapport mondial sur la peine de mort publié par Amnistie.

 

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