Football: le défi d’un Euro au temps du coronavirus

Onze villes dans onze pays différents doivent accueillir l'Euro de football à partir du 11 juin prochain, avec une année de retard. La pandémie de Covid-19 a transformé ce qui devait être une fête en un casse-tête pour tous ses acteurs.

 

En temps normal, cet Euro pensé comme un hommage à l'Europe du foot avait déjà tout du défi organisationnel. Avec la pandémie de coronavirus, coordonner un tel événement, qui ira de Glasgow à Bakou en passant par, entre autres, Amsterdam, Copenhague et Bucarest relève largement de l’exploit. C’est l’avis de nombreux observateurs, dont Loïc Ravenel, chercheur et co-fondateur de l’Observatoire du Football. « C’est déjà difficile d’organiser dans un seul pays, où vous n’avez qu’une seule législation. Là, vous devez jongler des législations différentes, avec des pays hors Union Européenne. Vous avez des villes et des pays qui ont des stratégies politiques ou géopolitiques extrêmement différentes. C’est compliqué et l’UEFA est dans une position difficile où elle essaye de faire de son mieux pour organiser la compétition, la vendre aux télés et qu’une partie du public qui a acheté les billets puisse s’y rendre », dit-il.

Retour du public dans les stades

Pour tenir cet Euro, des aménagements ont été nécessaires. Au lieu des douze villes prévues initialement, onze accueilleront finalement des matchs. La menace d’un huis clos a longtemps pesé et finalement, l’UEFA a tranché, les 60 ans de l’Euro se joueront avec du public. Dublin et Bilbao ont renoncé fin avril, les autorités ne souhaitant pas gérer un afflux de supporters en temps de pandémie. Les deux villes ont donc été remplacées par Séville pour les matchs prévus à Bilbao, Saint-Pétersbourg et Londres assurent ceux prévus en Irlande. Les villes hôtes décideront du nombre de spectateurs, mais elles devront accepter au moins 25% des tribunes remplies. Budapest en Hongrie, où évoluera l’équipe de France lors du premier tour prévoit de remplir le stade à 100%.

Malgré les exigences sanitaires qui s’annoncent drastiques, le retour dans les stades est un soulagement pour les fans à l’image de Ronan Evain, directeur exécutif de Football supporters Europe. « C’est un sujet sensible parce que c’est beaucoup d’argent pour les supporters qui ont de l’argent bloqué sur ces billets depuis la fin de l’année 2019, explique Ronan Evain. Dans le contexte économique actuel, ce sont des sommes conséquentes. Cela ça peut représenter plusieurs centaines, voire des milliers d’euros. Mais au final, l’UEFA a laissé chaque individu choisir en fonction de sa sensibilité, de son état de santé, de ses craintes vis-à-vis du virus. Il y a une responsabilité collective et une question de choix. Si les gens sont prêts à s’exposer ou non. C’est ce qui a été retenu par l’UEFA et ça nous semble la bonne approche ». Un cas est encore un suspens, celui de Munich. La capitale bavaroise fait partie des villes hôtes bien qu’officiellement, les autorités ne se soient pas engagées à accueillir des supporters.

Un Euro « sûr et festif » selon l'UEFA

La pandémie est toujours bien présente. Et même si l’UEFA le veut « sûr et festif », l’Euro se jouera donc un peu à marche forcée parce qu’il est nécessaire pour les finances de l’UEFA, quelque peu affaiblies par le report d’une année. La compétition européenne est, avec la Ligue des Champions, la plus lucrative pour la Confédération européenne, d’autant que les revenus sont moins redistribués qu’ils ne le sont pour la C1.

 

La tenue de l’Euro était donc nécessaire pour l’UEFA, et même au-delà, estime Paul Dietschy, historien du football. « Comme la Coupe du Monde pour la FIFA, l’Euro c’est la poule aux œufs d’or de l’UEFA car c’est très suivi dans le monde, avance-t-il. Il faudrait se priver de revenus d’environ 2 milliards d’euros. Cela aurait affaibli le budget et supprimé des financements aux championnats de jeunes, au football féminin et aux programmes de développement. L’UEFA veut aussi maintenir l’Euro pour l’inscrire dans un calendrier international de plus en plus concurrentiel. C’est une manifestation de l’existence et de la souveraineté de l’organisation ».

Soixante ans après sa création, l'Euro joue en 2021 son match le plus décisif de son histoire, celui d’une organisation la plus festive possible malgré les contraintes sanitaires liées à la pandémie de coronavirus.


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