Brésil: comment le Covid-19 affecte la santé des clubs de football

Alors que le Brésil enregistre près de 300 000 morts du coronavirus, les clubs de foot aussi sont victimes de la pandémie. Perte des recettes de billetteries, peu de ventes de joueurs, stades vides. Depuis un an, le pays du ballon rond serre les dents. Les effets de la crise financière des clubs se feront ressentir dans les prochaines années.

 

Durcesio Mello a pris la tête du Botafogo en pleine tourmente. Élu président au mois de janvier, ce chef d’entreprise récupère un club déjà très endetté avant la pandémie, qui en plus vient de descendre en deuxième division. Mais même si les recettes de ventes de joueurs sont au plus bas, il refuse de vendre ses joueurs à n’importe quel prix. C’est le cas pour le défenseur Kanu et l’attaquant Babi, qui sont finalement restés à Botafogo après plusieurs discussions. « Il y a eu plusieurs cas. Et ce n’est pas seulement le prix, c’est aussi la manière dont ils veulent faire la transaction, explique Durcesio Mello. Parfois ils demandent un prêt sur un an, pour peut-être payer l’année suivante. Parfois, c’est un prix ridicule, en nous proposant en échange un joueur qui ne nous intéresse pas. Des choses de ce type, normales dans le monde du football, mais que nous avons décidé de ne plus accepter. »

Flamengo, a perdu environ 25% de ses revenus

La situation sanitaire catastrophique au Brésil a eu de graves effets sur l’économie du pays. Depuis un an, le réal est la monnaie qui a subi la plus forte dépréciation au sein des pays émergents. Selon Luiz Guilherme Burlamarqui, professeur à l’Institut fédéral de Brasilia, le football brésilien, comme le football argentin ces dernières années, a perdu en valeur. « On voit des joueurs brésiliens qui se retrouvent sur des marchés secondaires. Par exemple, la figure emblématique du championnat brésilien, Brenner, est allé aux États-Unis. C’est une nouvelle réalité qui est la conséquence de cette dévalorisation du taux de change et qui affecte tous les clubs, des plus petits aux plus grands. »

Mais tous ne sont pas touchés de la même manière. Si la crise aggrave les inégalités entre les petits clubs et les plus grands, tous n’ont pas la même dépendance vis-à-vis des recettes de billetterie. Le club de Flamengo par exemple, a perdu 200 millions de réais, environ 25% de ses revenus. « Quand vous perdez certaines ressources, il peut y avoir un effet cascade : vous vendez pour moins cher. Et vendre un joueur parce que vous en avez besoin, c’est une chose, le vendre parce que vous voulez, c’en est une autre. Donc les situations sont très différentes », démontre Luiz Guilherme Burlamarqui.

 

Le stade comme centre de vaccination

Dans certains États, les gouverneurs ont décidé de suspendre les championnats, comme dans le District Fédéral de Brasilia ou à Sao Paulo. Mais les clubs, eux, jouent dans d’autres États pour contourner les restrictions, certains appellent même au retour des supporters dans les stades. Une stratégie qui pose question selon Sergio Giglio, professeur à l’université de Campinas et fondateur de Ludopedio, un site de recherches scientifiques sur le football. « Cela veut dire que le public qui fréquente les stades n’est pas important. Si on dit que les championnats doivent continuer, peu importe la situation. Les clubs, en tant qu’association à but non lucratif, devraient davantage soutenir le pouvoir public, qui est dans une situation assez chaotique quand on regarde le gouvernement fédéral. Ils pourraient assumer un rôle de soutien à leurs supporters. Mais je n’ai pas l’impression que ce soit quelque chose qui intéresse les clubs. Ils sont davantage préoccupés par le maintien des championnats pour ne pas perdre leurs contrats. »

À l’inverse certains clubs veulent se montrer solidaires. Botafogo était l’un des premiers à se positionner contre la reprise des championnats en juin dernier. Depuis janvier, il a mis à disposition son stade Nilton Santos pour en faire un centre de vaccination.


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