France: un commissariat de police attaqué au mortier d'artifice à Champigny-sur-Marne

Une quarantaine de personnes se sont attaquées, dans la nuit de samedi à dimanche, à un commissariat de police situé à Champigny-sur-Marne, dans la banlieue de Paris. L'attaque n'a pas fait de blessés.

Une quarantaine d'individus ont attaqué au mortier d'artifice un commissariat à Champigny, près de Paris Instagram @funnyfamilyzen via REUTERS

 

Deux agents étaient devant le commissariat de Champigny en train de fumer une cigarette, lorsqu'une quarantaine de personnes, visages dissimulés et armées de barres de fer, sont arrivées, cassant notamment des vitres de véhicules de police et la porte vitrée de l'entrée, selon une source policière. Les deux fonctionnaires ont tout juste eu le temps de se mettre à l'abri dans le sas de sécurité de l'entrée du commissariat. 

Huit mortiers ont été retrouvés non loin de là, a indiqué la préfecture de police de Paris. Les incidents ont débuté peu avant minuit et se sont achevés une heure plus tard. Une personne a été placée en garde à vue ce dimanche, a-t-on appris de source policière. L'homme a tenté de résister lors de cette interpellation qui s'est déroulée à Champigny, a précisé cette même source, ce qui a provoqué un « gros attroupement » obligeant les agents à faire usage « d'une grenade » pour se dégager.

Le ministre de l'intérieur dénonce des « petits caïds »

Exprimant son « soutien total » aux policiers, le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a semblé lier dans un tweet les échauffourés de Champigny au trafic de drogues parlant des « petits caïds » qui « n'impressionnent personne et ne découragent pas notre travail contre les stupéfiants ». La préfecture de police de Paris condamne également des « actes intolérables » dans un tweet. 

Le syndicat de police Alliance interpelle le gouvernement

Un syndicat de police, Alliance, a aussitôt dénoncé cette attaque. « Il est grand temps que le gouvernement se saisisse des violences commises contre les forces de l'ordre [...] Plus personne ne respecte les forces de l'ordre et le gouvernement n'a pas réussi malheureusement à inverser cette tendance », a réagi son délégué général, Frédéric Lagache.

Au micro de notre journaliste Marie Casadebaig, Eddie de Bost, du syndicat de police Alliance Val-de-Marne, a également dénoncé le manque de moyens à disposition des policiers la nuit : « C’est un sentiment d’impunité, il y a des jeunes à l’heure actuelle qui se permettent tout, qui pourraient tuer des policiers gratuitement, sans véritablement de raisons valable. Ce n'est jamais en journée [qu'ont lieu les attaques], cela fait des années qu’on le dénonce, il nous faut des policiers aussi la nuit. »

Des motifs non élucidés

Ce commissariat a déjà été plusieurs fois la cible de telles attaques, notamment en avril dernier, pendant le confinement, ou encore en 2018.

En avril, ce commissariat, le seul de cette commune de plus de 77 000 habitants, avait déjà été la cible, à une moindre échelle, de tirs de mortiers d'artifice mais « c'était juste des jeunes qui avaient du mal à vivre le confinement », selon le maire de la ville Laurent Jeanne (droite), joint par l'AFP. « Là, on est sur quelque chose de complètement différent : on a voulu attenter à l'intégrité physique de deux policiers », a estimé l'édile, disant sa « sidération » face à ses actes.

Selon l'élu, l'origine de ces tensions, dans un quartier de 10 000 habitants en proie au trafic de drogue, n'était pas claire : « On est sur un quartier de reconquête républicaine, est-ce que ça dérange ? Possible. »

La tension a également pu naître, selon lui, après un récent accident de scooter dans le quartier dont « la responsabilité a été imputée à la police nationale alors que ce n'est pas avéré ».

Une série de faits divers violents contre la police 

Cette attaque survient plusieurs jours après celle ayant blessé par balles deux policiers, en civil, ont été agressés sauvagement à Herblay dans le Val d’Oise en milieu de semaine. Une série de faits divers violents visant des policiers a réancré depuis cet été la question de l'insécurité dans le débat politique français, à environ 18 mois de l'élection présidentielle.

Cette montée de la violence anti-flics a suscité une vague d’indignation. De Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France qui a parlé de « scènes de guerre intolérables » à Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, qui a demandé « un tour de vis sur la criminalité » et a mis en cause l’inaction du gouvernement qui se contente, selon elle, « de faire des tweets ». Une attaque directe contre Gérald Darmanin et le tweet qu'il a publié un peu plus tôt.

Selon une étude publiée en novembre 2019 par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), la police nationale française a recensé 12 853 agents blessés en 2018, en hausse de près de 16% par rapport à 2017.

Dans 11% des cas (contre 8% en 2017), les blessures ont été faites à l'aide d'une arme (à feu, blanche ou par destination).

(Avec AFP)


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