Après les tirs mortels de la Monusco, l'ONU et Kinshasa temporisent avant d'agir

Une partie de la population congolaise demande avec empressement le départ de la mission onusienne accusée d’inefficacité.

 

Une nouvelle manifestation contre la Monusco a eu lieu dans l’est de la RDC, ce lundi 1er août. La police et l’armée ont eu recours à des tirs de sommation pour disperser les manifestants qui tentaient de s’approcher de la base de la mission onusienne à Beni.

Les autorités congolaises et onusiennes disent être conscientes de la gravité de la situation, mais se refusent de prendre de décision de manière hâtive. Ainsi, la fusillade de dimanche n’a pas d’incidence sur des opérations tant militaires que civiles. Dans le territoire de Beni, au poste frontalier de Kasindi, des casques bleus avaient ouvert le feu, tué trois personnes et fait quinze blessés.

Lundi 1er août, le ministre congolais des Droits humains, Albert-Fabrice Puela, a demandé dans un communiqué au Conseil des droits de l’homme des Nations unies de prendre des dispositions afin que des enquêtes sérieuses soient menées et que des sanctions exemplaires soient prises à l’encontre des auteurs de ces actes.

À ce stade, les militaires soupçonnés sont toujours en détention dans leur camp. La mission onusienne, tant à Kinshasa qu’à New York, travaille pour que la Tanzanie dépêche un tribunal en RDC. Le jugement se passerait idéalement à Kasindi ou à Beni en présence des victimes ou de leurs familles et des témoins. En cas de condamnation, ils seraient rapatriés pour purger leur peine dans leur pays.

Le fait que ces militaires appartiennent à un pays membre de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) comme la RDC et qu’il existe des accords de coopération judiciaire entre les deux pays devraient faciliter le processus. « C’est dans l’intérêt de tout le monde que cela se passe avec diligence et dans les meilleures conditions », a confié à RFI un responsable de l’ONU en poste à Kinshasa.

Le bilan des échauffourées et autres violences ayant entouré les manifestations contre la Monusco dans l’est de la République démocratique du Congo a doublé. Aux termes d’une réunion ayant réuni autour du président Félix Tshisekedi, des ministres de retour d’une mission dans l’est, les présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat et le Premier ministre, les autorités ont donné un bilan de 36 morts dont 4 casques bleus en une semaine de tensions contre les Nations unies dans les villes de Goma, Butembo, Uvira, les localités de Kanyabayonga et Kasindi. Il a aussi été dénombré près de 170 blessés. Le gouvernement a décidé de « réévaluer » avec la Monusco le plan de son retrait du territoire congolais.

Dans le même cadre, le président Tshisekedi s’est entretenu hier avec le décret général des Nations unies, Antonio Guterres. Le président congolais lui a exprimé sa « totale désapprobation du comportement des casques bleus à la base de ces incidents et de la nécessité de s'assurer que les coupables soient sévèrement sanctionnés », selon le compte-rendu du gouvernement. Le président congolais qui a rappelé au Chef de l’ONU que le retrait des rebelles du M23 de toutes les localités actuellement occupées « est une condition nécessaire à la baisse de la tension » dans la région.


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