Soudan: les déplacements forcés font peser un risque de famine sur le Darfour

Le Darfour occidental s'enfonce dans un cycle de violences. En un an, près de 500 000 personnes ont été déplacées dans la région. Un record depuis dix ans, constatent les organisations humanitaires. Rien qu’à Al-Geneina plus de 120 000 déplacés s’entassent dans des bâtiments publics. Là-bas, RFI a rencontré des autorités traditionnelles locales qui demandent à ce que les attaques cessent immédiatement. Elles alertent sur un risque de famine dans les mois qui viennent.

 

Ces nouvelles vagues de déplacements forcés arrivent à un moment critique. Le Darfour est traversé par les premières pluies de la saison, venant gorger les wadi, les rivières saisonnières. Et les paysans devraient être en train de semer leurs parcelles. Le Omda Massalit Mohammed Adam, autorité traditionnelle d’un village proche de la frontière tchadienne, tire la sonnette d’alarme.

« Les gens ont peur. Sur leurs terres, il y a des miliciens armés, montés sur des motos, des dromadaires et des chevaux. Les gens ne peuvent pas retourner aux champs. Pourtant, la saison des pluies a commencé ! Tout le monde se demande : qui donc va garantir la sécurité de la période des semis ? Les autorités ne sont pas capables de déployer une force pour protéger les citoyens. Mais si les gens ne commencent pas à semer dans les deux prochaines semaines, il n’y aura pas de récolte la saison prochaine, c’en est fini. Et dans quatre ou cinq mois, ce sera la famine, les gens mourront de faim. »

Des discussions sont en cours entre différents chefs tribaux pour trouver un terrain d’entente. Mais Mohammed Adam n’est pas très optimiste. Ces négociations sont notamment parrainées par les Forces de soutien rapide, parties prenantes des affrontements dans la région. Leur chef, le numéro deux de la junte soudanaise, le général Mohammed Hamdane Dagalo, alias Hemetti, se rendra d'ailleurs jeudi en personne dans la capitale régionale. 

Dans un mois, c'est la saison agricole, et c'est historiquement celle où il y a le pus d'attaques : des embuscades, des viols, des meurtres. Ca va être très dur parce que beaucoup ne pourront pas produire et pourront à peine nourrir leur famille. On est à l'aube d'une grosse crise humanitaire, alimentaire surtout.


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