Inondations en Afrique du Sud: Durban face aux conséquences du changement climatique

Le nombre de morts approche du seuil des 400 dans la province du KwaZulu-Natal. 395 personnes ont perdu la vie dans les inondations du début de semaine, principalement dans la municipalité de Durban. Des records de précipitation ont été enregistrés et le président Cyril Ramaphosa a comparé ces événements aux cyclones qui frappent d'habitude le Mozambique voisin. Durban a déjà connu plusieurs inondations mortelles comme en avril 2019 avec 85 morts. La ville est-elle suffisamment préparée face à ces intempéries et au changement climatique ?

 

Durban ne s'est pas réveillée en découvrant qu'elle était vulnérable aux intempéries. La municipalité a déjà mis en place des stratégies et elle adhère au réseau C40 des villes qui s'engagent contre le dérèglement climatique. Et pourtant, les résultats ne sont pas encore là, regrette Roland Postma, coordinateur de l'association des jeunes urbanistes sud-africains.

« Ce que la ville est en train de faire, c'est de combattre un incendie avec un mur. L'incendie, c'est le changement climatique et les fortes précipitations. Ils ont échoué à prendre des mesures alors même qu'ils étaient des pionniers dans la prise de conscience de leur statut de ville et des outils urbanistiques pour limiter les effets du dérèglement climatique. En résumé : beaucoup de paroles et peu d'actions. »

En voyant les images des inondations, Roland peut désigner quelques priorités pour éviter que cela ne se reproduise : mettre fin au tout béton. « Durban souffre cruellement du manque de biodiversité. Elle n'utilise pas assez de solutions naturelles ou d'infrastructures éco-responsables pour bâtir nos routes, nos quartiers, comment on piège les eaux torrentielles ? Puisque ici on n'a que des infrastructures en dur, les pluies diluviennes n'ont aucun endroit où s'écouler et cela fait effet boule de neige. »

Alors que les inondations pourraient prendre un tournant politique, Mxolisi Kaunda, le maire de Durban, se défend et insiste pour dire que le cœur du problème, ce ne sont pas les infrastructures, mais le changement climatique. 

Ce type d’événements sont toujours plus intenses, toujours plus fréquents et en lien avec le changement climatique. On arrive de plus en plus rapidement à montrer que ces changements peuvent être liés à l‘activité humaine, en particulier en Afrique.

Pénurie d'eau

Les infrastructures ont été fortement endommagées : 4 000 maisons ont été détruites. Les coulées de boue, les glissements de terrain et les crues ont arraché de nombreuses canalisations. Vendredi encore, l'eau manquait à Durban. Cela fait déjà 24 heures que l’hôpital Wentworth est sans eau courante. Pour cette infirmière qui préfère rester anonyme et pour ses patients, c'est une éternité. « C'était affreux ces derniers jours, très éreintant. On ne peut pas vraiment les aider. Sans eau, on ne peut pas faire les toilettes. Même leur rendre le quotidien plus agréable comme leur offrir la tasse de thé qu'il aimerait avoir, on ne peut pas. »

Cette infirmière a contacté la fondation Gift Of The Givers, spécialisée dans l'assistance aux sinistrées. Un camion arrive chargé de bombonnes d'eau minérale. L'hôpital n'est qu'une étape dans une journée de livraison bien chargée pour Stanley Sabelo. « Tout le monde cherche de l'eau, personne n'en n'a, c'est pour ça qu'on va partout pour en distribuer. On reçoit plus de 3000 appels par jours, de gens qui demandent de l'eau. » Stanley Sabelo et son camion ne peuvent pas aller partout, certains quartiers sont devenus trop dangereux. « Certains endroits sont difficiles d'accès à cause des pillages. Ils ont rappelé un camion l'autre jour. Les gens ont faim. »

Dans certaines communes, les infrastructures ont été complètement détruites et ne seront pas réparées avant des mois, prévient la municipalité de Durban qui promet d'acquérir de nouveaux camions citernes.

 


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