Italie: émotion après la libération du mafieux Giovanni Brusca, assassin du juge Falcone

En Italie, la libération pour bonne conduite du chef mafieux Giovanni Brusca continue de faire des vagues. Après l’indignation exprimée par plusieurs leaders politiques de droite et de gauche, le président du Sénat Pietro Grasso défend l’application de la loi, qui permet aux collaborateurs de justice de bénéficier de mesures de clémence. Le meurtrier du juge Falcone en 1992 a reconnu être l’auteur d’entre 100 et 200 assassinats. Après avoir purgé une peine de 25 ans de prison, il en est sorti lundi 1er juin. L’ancien assistant de Toto Riina bénéficie du programme de protection spécial des collaborateurs de justice.

 

Brusca , c’est l’homme qui a actionné la télécommande des 400 kilos d’explosifs qui ont tué, en 1992 près de Palerme, le juge Falcone, son épouse et ses trois gardes du corps. Arrêté quatre ans plus tard, le Sicilien a reconnu avoir commis entre 100 et 200 meurtres, sans d’ailleurs se souvenir toujours du nom de ceux qu’il a tués. Parmi ses victimes, un garçonnet de 12 ans, fils d’un repenti. Séquestré, étranglé, et finalement dissous dans l’acide. 

Après son arrestation Brusca a parlé. Il a collaboré avec les enquêteurs, témoigné dans de nombreux procès et aidé la justice à casser la toute puissance de Cosa Nostra. Grâce à ce statut de repenti, voulu par les magistrats italiens, dont Falcone lui-même, Brusca a pu éviter la prison à perpétuité. Il est dehors, malgré tous ses crimes, sous contrôle judiciaire encore pour quatre ans. 

Sa libération anticipée d’un an, pour bonne conduite, a pourtant été critiquée par la classe politique de droite à gauche. Salvini parle d’une bête sauvage en liberté. Enrico Letta, le nouveau président des Démocrates, d’un coup de poing dans l’estomac. Des proches des victimes se disent indignés. Certains accusent la justice italienne de trahison.

 

Quelle vie ensuite pour Brusca ?

Giovanni Brusca, l’un des plus grands criminels de l’histoire italienne, va maintenant disparaître de la circulation. Le ministère de l’Intérieur va lui donner une nouvelle carte d’identité, un permis de conduire et une carte de sécurité sociale sous un nom de couverture. 

Il sera logé aux frais du contribuable, dans un lieu tenu secret, recevra une rente mensuelle pour vivre et se nourrir et sera protégé jour et nuit par la police. Vivant, il peut encore être utile à la justice.

Malgré tout, la loi s'applique...

 

L’assassin du juge Falcone bénéficie ainsi d’une loi voulue par le même juge Falcone, pour vaincre le mur de l’omerta. En récompensant les repentis, la justice italienne a pu démanteler une bonne partie de Cosa Nostra en Sicile, pourchasser la 'Ndrangheta calabraise ou la Camorra napolitaine. 

5 000 personnes vivent actuellement en Italie sous couverture. Les collaborateurs de justice eux-mêmes et leurs familles. La plupart sortent du programme après une dizaine d’années, certains rechutent, d’autres tombent sous le feu de leurs ennemis. Contre l’esprit de vengeance, la protection de l’État ne suffit pas toujours. 

C'est une liberté qui demande une extrême vigilance...


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