Éruption du Nyiragongo: certains déplacés ont décidé de rentrer à Goma

En République démocratique du Congo (RDC), alors que l’activité volcanique autour de la ville de Goma est toujours source d’inquiétude, près de 14 000 personnes sont parties de chez elles, depuis jeudi dernier, et ont franchi la frontière rwandaise, suite à un ordre d’évacuation partiel et préventif. Certains de ces déplacés sont rentrés chez eux, ce samedi 29 mai.

 

Le camp qui avait été dressé à la hâte, ces derniers jours, à Rugerero, à quelques kilomètres de la frontière congolaise, est entièrement vide ce samedi soir.

Ce matin, plusieurs camions de l’armée rwandaise sont venus chercher les déplacés qui avaient exprimé le désir de rentrer chez eux. Ils étaient nombreux à vouloir retrouver leurs biens, laissés derrière eux, ou encore à estimer que les risques d’une nouvelle éruption sont maintenant minimes face à la baisse des tremblements de terre.

Aimable Harugumana a hâte de pouvoir reprendre sa vie : « Je suis très content de retourner dans mon pays. Nous avons pris des infos des voisins et de la famille qui est resté. Chez nous, il n'y a plus de tremblements et le volcan ne crache plus de lave. »

 

Retour à contrecœur pour d'autres

Selon le HCR, ce sont au moins 1 500 personnes qui ont pris le chemin du retour, sur près de 4 000 personnes accueillies à Rugerero. De son côté, Charlotte Fura rentre presque à contrecœur : « Nous avons peur, car nous avons laissé les maisons sans surveillance et nous ne savons pas si nous allons retrouver nos affaires. On ne sait pas ce qui se passe de l’autre côté. On ne sait pas si on va devoir revenir encore une fois ici. »

En 2002, lors de la dernière éruption du volcan Nyiragongo, Charlotte avait déjà du fuir au Rwanda avec ses deux parents… Cette fois-ci, elle a emmené ses trois enfants : « On a peur de ce volcan, mais on n’a pas le choix. On n’a nulle part d’autre ou aller.  Mais quand la terre tremble les enfants crient. Ils sont démoralisés. »

Désirée avait quitté Goma pour trouver refuge à Sake, comme l'avait conseillé les autorités. Mais sur place il n'y avait ni eau ni nourriture. 

« Le gouverneur nous a dit qu'il fallait que nous quittions Goma, mais jusqu'à maintenant, on n'a même pas préparé quelque chose pour nous, à manger, ou des matelas.»

 

Désirée, une habitante rentrée à Goma

 

Pour moi, j'ai décidé de rentrer à Goma parce qu'on ne mange plus, explique Désirée. On était partis à pieds. C'est vraiment très loin d'ici. C'est plus de 28km (...) Même ma petite soeur a été perdue, je ne sais pas comment je vais la revoir. Le gouverneur nous a dit qu'il fallait que nous quittions Goma, mais jusqu'à maintenant, on n'a même pas préparé quelque chose pour nous, à manger, ou des matelas.

En attente du feu vert des autorités

Les autres, c’est-à-dire ceux qui préfèrent attendre le feu vert des autorités congolaises ou qui n’ont plus de maison à Goma, ont été acheminés dans un autre camp, un peu plus loin, à Busasamana.

Ils y ont rejoint des déplacés arrivés juste après la première éruption du Nyiragongo, le 22 mai. Ces déplacés disent également ne pas pouvoir rentrer chez eux puisque leur maison et leurs champs ont été complètement calcinés par la lave.

« Certains pensaient que c’était juste des feux de bois. Donc on a continué à regarder et on a vu des choses qui sortaient du volcan. Alors on a couru jusqu’au Rwanda. Et les lavent couraient derrière nous.»

 

Ceux qui décident de rester au Rwanda, dans le camp de Busasamana

Laure Broulard

Entre les champs de choux et les roches volcaniques, le HCR dresse des tentes pour les déplacés qui n'ont pas souhaité rentrer à Goma. Damien et sa famille en font partie. « Il y en a beaucoup qui sont rentrés à Goma, explique Damien. En principe, le danger n'est pas écarté. Et pour qu'on quitte ici, il faut que nous ayons la garantie que le danger est écarté.»

Le camp de Busasamana a ouvert au Nord de Rubavu en début de semaine pour accueillir ceux qui ont fuit directement après les coulées de laves du 22 mai, comme Bayahure.

« On était en train de préparer à manger, raconte-t-elle. Et là, nous avons vu une fumée qui montait sur le volcan. Certains pensaient que c’était juste des feux de bois. Donc on a continué à regarder et on a vu des choses qui sortaient du volcan. Alors on a couru jusqu’au Rwanda. Et les lavent couraient derrière nous. »

Pas de retour en vue non plus pour Joseph. « On nous a dit par téléphone que notre maison a brulé, se souvient-il. Ici, au Rwanda nous sommes venus sans rien. Donc on va avoir besoin d’aide pour reconstruire notre maison. On n’a même plus de casserole, on n’a pas de matériel, on a besoin d’aide sur tout. »

Selon le HCR, le camp de Busasamana accueillait environ 2000 déplacés hier.


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