En Chine, 20% des femmes mariées disent regretter leur union

Selon une étude officielle, 20% des femmes mariées en Chine disent regretter leur union. Ce chiffre n’est pas forcément plus élevé qu’ailleurs, mais il est en forte augmentation. En près d’une décennie, le nombre de Chinoises malheureuses en ménage a plus que doublé.

 

Elles ont dit « oui » et le regrettent aujourd’hui un peu, beaucoup, voir à la folie. Ces 20% de femmes fatiguées de jouer les épouses et colombines ont été recensés à l’occasion d’une enquête publiée le 21 avril dernier et réalisée en 2020 auprès de 100 000 foyers, par le bureau national des statistiques, la poste chinoise et l’Université de Pékin.

Elles étaient 12% en 2017 à regretter leur union, loin devant les hommes. Seulement 7 % des maris en Chine déclarent être malheureux dans leur couple.

Divorces en hausse

Ce motif d’insatisfaction n’est pas unique à la Chine. En 2018, un tiers des Américaines mariées affirmaient qu’elles ne se laisseraient pas repasser la bague au doigt si c’était à refaire. Mais ce qui frappe ici, c’est l’envolée du rejet. Ces statistiques accompagnent en effet le nombre des divorces en hausse également malgré l’instauration d’une période dite de « refroidissement » de trente jours avant que les couples ne puissent enregistrer leurs séparations.

Ce sondage arrive aussi après des mois de confinement liés à la crise sanitaire qui, loin d’entraîner un baby-boom, ont été marqués par une augmentation des violences conjugales.

Ce sondage entre enfin en résonance avec l’émancipation des femmes chinoises qui, comme chez les voisines sud-coréennes, ne veulent plus du fardeau d’un mariage dans le cadre des « valeurs asiatiques » et du package « mari et beaux parents » dans des mégalopoles chères à vivre, notamment pour ce qui est de l’éducation des enfants.

Les femmes étant également soumises à la pression nataliste du gouvernement, après la suppression de la politique de l’enfant unique en 2015

Absence de partage des tâches

Parmi les motifs d’insatisfactions, le partage des tâches ménagères ou plutôt le non-partage du travail domestique. « Les Chinoises investissent beaucoup d’énergie et de temps dans leur famille, souvent bien plus que leur mari, affirme ainsi Huang Yuqin. L’insatisfaction survient lorsque les responsabilités des deux parties sont incohérentes», poursuit cette professeure de sociologie à l’Université des sciences et technologies de Chine orientale citée par le South China Morning Post.

Depuis le début de cette année, plusieurs procédures de divorce ont donné lieu à des indemnités accordées à des ex-épouses pour le travail non rémunéré effectué au sein du foyer. Ces décisions de justice ont provoqué des débats houleux sur les réseaux sociaux entre tenants et adversaires du partage des tâches à la maison. Pas sûr que ces décisions de justice suffisent à relancer l’institution du mariage dans une Chine qui vieillit.


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