France: Plus de 2 000 migrants évacués d'un important campement au pied du Stade de France

Les forces de l'ordre ont procédé ce mardi 17 novembre à l'évacuation d'un vaste campement de migrants situé près de Paris, au pied du Stade de France. Plus de 2 000 personnes s'y étaient progressivement installées depuis août.

 

Encadrée par un important dispositif policier, l'opération d'évacuation et de mise à l'abri des exilés vers différents centres d'accueil et gymnases de la région parisienne a débuté tôt ce mardi matin. Des migrants s'acheminaient dans le calme vers des bus.

Selon le décompte de l'association France terre d'asile, opératrice de l'État, environ 2 400 exilés vivaient la veille encore dans ce camp qui n'a cessé grossir depuis août en dessous d'une bretelle d'autoroute, près du plus grand stade du pays. Des feux de palettes étaient visibles depuis le cordon de sécurité mis en place par les forces de l'ordre.

« Ces camps ne sont pas acceptables, a déclaré à la presse le préfet de police de Paris, Didier Lallement. Cette opération a lieu pour faire en sorte que les personnes en situation régulière soient mises à l'abri et celles en situation irrégulière n'ont pas vocation à rester sur le territoire. »

Dans un tweet, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a salué cette opération : « Les occupants seront mis à l'abri, pour garantir la sécurité et la salubrité de tous, notamment face à la Covid-19. » 

Près du canal de Saint-Denis, de nombreuses personnes attendaient d'être prises en charge par des bus, a constaté l'AFP. Toutes seront dans un premier temps l'objet d'un test au Covid-19 dans des centres de dépistage mis en place par l'Agence régionale de santé (ARS), avant d'être soit isolées dans un premier temps en cas de résultat positif, soit immédiatement mises à l'abri. En tout, 70 bus devaient acheminer les migrants alors que 26 centres d'hébergement ont été mis en place par les autorités pour les accueillir.

Afghans ou Soudanais, des hommes seuls pour l'essentiel

Le campement insalubre, où plusieurs centaines de tentes étaient installées, était majoritairement constitué d'hommes seuls, essentiellement originaires d'Afghanistan, mais également du Soudan, d'Éthiopie et de Somalie. Beaucoup, des demandeurs d'asile pour l'essentiel, étaient auparavant passés par d'autres campements en périphérie de Paris, successivement démantelés, mais qui se recréent un peu plus loin, en banlieue nord.

Ce lundi, la veille de l'évacuation, les migrants espéraient autant qu'ils redoutaient l'intervention des policiers, a pu constater notre reporter Marine de la Moissonnière. À l'image d'Elyass, un Afghan de 27 ans, qui avait préparé ses affaires dans la tente où il vivait depuis plus d'un mois. Le plus précieux pour lui, c'est son dossier de demande d'asile. « Dans ce sac à dos, il y a tous mes papiers : les récépissés, les rendez-vous... Et puis dans cet autre sac à dos, il y a les quelques vêtements que j'ai. Voilà, ça, c'est toute ma vie. »

Elyass pensait aussi tenter d'emmener sa tente car il sait qu'il ne passera peut-être que quelques nuits là où les policiers le conduiront. Mais même si cela ne dure pas, il est content de quitter ce campement boueux, sans douche ni électricité. « La nuit, on a vraiment très froid, expliquait-il. Quand il pleut, on a peur que nos tentes ne tiennent pas le coup. Et puis les gens toussent la nuit. Ça m'inquiète vraiment par rapport au Covid. »

« On est des êtres humains »

Comme Elyaas, Aroun, un Soudanais arrivé en France il y a un mois et demi, rêve de dormir au chaud, dans un lit. Mais il craint l'attitude des policiers : « J'ai vraiment très peur. Les policiers peuvent nous frapper. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent. Si vous essayez de leur parler, ils vous poussent. Ils ne respectent pas les lois. J'espère que ça va bien se passer, que les policiers vont être calmes, qu'ils vont nous respecter parce qu'on est des êtres humains. »

Les migrants ne savent pas où les policiers les emmèneront. Pour certains, peu importe, du moment qu'ils restent en France.

Une trentaine d'associations et collectifs (Cimade, Secours catholique, Solidarité Migrants Wilson...) ont quant à elles dénoncé « un cycle sans fin et destructeur ». « Depuis cinq ans, les évacuations se sont répétées, malgré les dysfonctionnements du système d'hébergement qui les accompagne, écrivent ces associations dans un communiqué commun. Aujourd'hui, les autorités continuent d'organiser ces opérations alors que les 65 précédentes ont prouvé qu'elles étaient inefficaces, et que leur seul effet était de disperser les personnes. »


Vous avez aimé cet article ? Partagez-le ...

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera publié après validation.