Migrations : les Canaries ne sont pas «une nouvelle Lesbos», affirme le gouvernement espagnol

L'archipel des Canaries, en proie à des arrivées massives de migrants depuis quelques mois, n'est pas «une nouvelle Lesbos», a affirmé lundi 16 novembre le ministre de l'Intérieur espagnol, en référence à l'emblématique île grecque, porte de l'Union européenne.

 

«Nous n'allons pas transformer les Canaries en une nouvelle Lesbos», a déclaré Fernando Grande-Marlaska sur la chaîne espagnole Antena 3. Il voulait éviter ainsi la comparaison avec l'île grecque dont les camps sont submergés, avec des conditions de vie dénoncées par de nombreuses organisations internationales. Au large des côtes nord-ouest de l'Afrique, l'archipel des Canaries a vu arriver plus de 16.000 clandestins depuis le début de l'année d'après l'exécutif régional, soit près de dix fois plus que sur la même période en 2019.

«Situation d'urgence»

«C'est une situation d'urgence», a reconnu le ministre de l'Intérieur, rappelant le plan qui prévoit de transférer le camp débordé du port d'Arguineguin où près de 1800 migrants se trouvent encore actuellement dans des conditions très précaires dénoncées par plusieurs ONG. Cette vague d'arrivées est inédite depuis la crise migratoire qu'a connue l'archipel atlantique en 2006. La situation s'est aggravée ces dernières semaines: le nombre d'arrivées depuis le 15 octobre a quasiment dépassé celui des arrivées entre cette date et le début de l'année.

Sous pression, Fernando Grande-Marlaska a rappelé son intention de «mener la politique de retour que nous avons mise en place, mais que la pandémie et la fermeture a rendu impossible depuis mars». C'est pourquoi Madrid va envoyer la semaine prochaine deux poids lourds du gouvernement au Maroc et au Sénégal pour tenter de dissuader les départs et de reprendre les rapatriements. La cheffe de la diplomatie Arancha Gonzalez Laya se rendra le dimanche 22 novembre au Sénégal et Fernando Grande-Marlaska le vendredi 20 au Maroc. Une stratégie soutenue par la Commission européenne qui plaide pour «augmenter les retours» des migrants «qui n'ont pas besoin de protection internationale», a indiqué sa responsable aux Affaires intérieures Ylva Johansson, en visite la semaine dernière.

En visite depuis lundi, les représentantes en Espagne de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés ont proposé de mettre leurs organisations «à disposition», s'exprimant dans un communiqué commun. Malgré des conditions de voyage particulièrement dangereuses, les migrants africains empruntent davantage à présent la route des Canaries, délaissant le passage par la Méditerranée en raison d'accords de contrôles frontaliers conclus avec la Libye, la Turquie et le Maroc.


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