Tchad: un triple scrutin dans le calme pour le deuxième jour de vote
Publié le 30/12/2024 | Ajouter un commentaire
Quelle majorité parlementaire pour le Tchad ? Bientôt la réponse alors que la plupart bureaux de vote ont fermé dans le pays. Triple scrutin législatif, mais également provincial et communal pour un peu plus de 8 millions d'électeurs ce dimanche. Une élection boycottée par l'apposition et qui met fin à trois ans de transition débutée par la mort d'Idriss Deby Itno en 2021. Ce dimanche, c'était le deuxième jour de vote. Hier samedi, c'était la diaspora, les militaires et les nomades qui étaient appelés aux urnes. Ce dimanche, c’était au tour de la grande majorité des électeurs inscrits sur les listes électorales de voter. La participation s'annonce faible à Ndjamena.
Les Tchadiens allaient-ils se déplacer en masse ? Au-delà de l'enjeu électoral, la question était dans toutes les têtes ce dimanche. Dès la mi-journée, le bilan semblait bien maigre. Le décompte est allé assez vite, il faut bien le reconnaître. Il y avait peu de bulletins dans les urnes, en tout cas, dans les bureaux de vote où RFI s'est rendue.
Gombo Breye Houzibé, rapporteur général de l'Observatoire des associations pour les processus électoraux au Tchad, relève lui aussi une participation en nette baisse comparée aux scrutins de cette dernière année. Dans un contexte où de nombreux partis d'opposition avaient appelé au boycott, la question de savoir ce qui a provoqué cette faible participation se posera dès demain, lundi, au lendemain du scrutin.
L'ambiance est devenue parfois électrique quand certains délégués de partis politiques ont refusé que tel ou tel bulletin soit annulé.
Pas d'incident majeur
Globalement, le vote s'est déroulé dans le calme. Pas d'incident majeur à signaler à ce stade par les observateurs. Gombo Breye Houzibé, rapporteur général de l'Observatoire des associations sur le processus électoral au Tchad, affirme que le principal dysfonctionnement concerne les listes électorales. Son organisme a repéré de nombreux votants sans carte électorale, dans des bureaux de vote où ils n'étaient pas inscrits.
Par ailleurs, la participation s'annonce faible à Ndjamena, selon les premières estimations de l'Ange qui confirme à nouveau la tendance ce soir, après les premières estimations à la mi-journée.
Chaque électeur devait voter trois fois, ce qui a créé de la confusion pendant la campagne, explique l'Ange. Ainsi, de nombreux électeurs n'auraient voté qu'une fois sur les trois élections, dans un contexte où de nombreux partis d'opposition avaient appelé au boycott. La question de savoir ce qui a provoqué cette faible participation se posera très vite après le scrutin.
Dans un contexte où de nombreux partis d'opposition avaient appelé au boycott, la question de savoir ce qui a provoqué cette faible participation se posera très vite après le scrutin. Les observateurs internationaux du consortium panafricain pour la paix nous expliquent par exemple qu'en comparaison au référendum de 2023 qu'ils avaient observé, il y a aujourd'hui « nettement moins d'engouement. »
Retard à l'ouverture des bureaux de vote
La sécurité était au rendez-vous autour du bureau de vote où nous nous sommes rendus ce dimanche matin, proche de la présidence, où Mahamat Idriss Itno, le président tchadien, fraîchement élevé à la dignité de maréchal, a voté. Il a appelé les Tchadiens à se rendre aux urnes, d'autant que la participation est l'un des enjeux de ce scrutin, une partie de l'opposition ayant appelé à boycotter le vote.
Selon nos informations, il y a du retard dans l'ouverture de certains bureaux de la capitale. La faute au froid, nous dit-on, mais aussi à des problèmes logistiques : urnes et les bulletins arrivés avec retard, observateurs nationaux et internationaux absents, etc.
Cependant, samedi 28 décembre, lors de la première journée de vote - celle des militaires et des nomades pour ce triple scrutin, législatif, provincial et local - a été marquée par « un record historique » dans la participation, nous a confié plus tôt ce dimanche matin un rapporteur de l'Ange, l'Agence nationale de gestion des élections, avec 72 % de suffrages exprimés pour l'armée et 54% pour les populations nomades. Pour lui, cet engouement s'explique par le caractère inédit de ces trois élections simultanées. Il s'explique aussi par le fait que les dernières élections législatives datent de 2011.
En milieu de journée, le vote peine à démarrer
En milieu de journée de ce dimanche, dans la capitale, le vote semblait peiner à démarrer, à l'exception de certains bureaux du 2? arrondissement, fief du MPS - Mouvement patriotique du salut - où des dizaines de personnes se sont pressées pour aller voter.
Les autres bureaux de vote paraissaient très peu fréquentés. Dans les bureaux du quartier Kabalaye, dans le 3? arrondissement, les électeurs arrivaient au compte-gouttes. C’est ce qu’expliquaient plusieurs membres de ce bureau de vote de Ndjamena. Vestes vertes sur le dos, ils attendaient patiemment que les électeurs arrivent... « Il y a bien moins de monde que pour le référendum constitutionnel de décembre 2023 ou que la présidentielle de mai 2024 », faisaient-ils remarquer, un constat partagé par plusieurs observateurs nationaux et internationaux qui n'ont pas relevé d'incidents dans la capitale où l'ambiance était très calme.
La participation, un enjeu majeur
La participation est un enjeu majeur du scrutin puisque l'opposition a appelé au boycott. Le parti Les Transformateurs, de Succès Masra, plébiscité par les quartiers sud de Ndjamena, lors de la présidentielle, ne présentent en effet aucun candidat. Avec une dizaine d'autres partis d'opposition, ils ont prêché, jusqu'au bout, pour l'abstention.
Ainsi, la question du report des voix va donc se poser. Pour l'heure, le vote s'est poursuivi jusqu'à 17H00, même au-delà dans les bureaux où le vote a démarré avec du retard puisque le Code électoral prévoit que les bureaux de vote doivent rester ouverts pendant une durée onze heures, en tout.