Ouzbékistan: le référendum constitutionnel permettant de renforcer les pouvoirs du président approuvé

Le référendum constitutionnel en Ouzbékistan a été approuvé à plus de 90%, a annoncé la Commission électorale ce lundi 1er mai 2023. Le texte propose de renforcer le pouvoir du président Chavkat Mirzioïev, qui assure vouloir ouvrir une nouvelle ère de développement dans cette ex-république soviétique.

 

Parmi ses principales mesures du référendum figurent le passage du quinquennat au septennat et la remise à zéro des deux mandats présidentiels, ce qui permettra en théorie à l'actuel chef de l'État, âgé de 65 ans, de se maintenir au pouvoir jusqu'en 2040.

D'après les résultats préliminaires, le changement de Constitution a été approuvé à 90,21% avec 84,54% de participation, un résultat sans surprise, l'Ouzbékistan étant toujours considéré par de nombreuses ONG comme un État autoritaire malgré des réformes récentes. C’est le soutien massif que voulaient les autorités ouzbèkes à l’occasion de ce référendum, analyse notre correspondant régional, Régis Genté.

Un « Nouvel Ouzbékistan » promis par Chavkat Mirzioïev

Les autorités ont soutenu durant la campagne que la modification des deux tiers de la Constitution allait permettre de démocratiser le pays et d'améliorer le niveau de vie des 35 millions d'habitants, aux droits longtemps bafoués par un régime répressif. Mais le président Mirzioïev en sera le principal bénéficiaire.

Chavkat Mirzioïev s'efforce de présenter un visage plus moderne depuis 2016 et la mort de son prédécesseur, Islam Karimov, dont il a été le fidèle Premier ministre pendant treize ans. Parmi les nouveautés, l'interdiction de la peine de mort, les conditions d’expulsion des propriétaires, la protection des personnes inculpées dans le cadre d’affaires criminelles et le respect des droits humains sont constitutionnalisés dans ce « Nouvel Ouzbékistan » plus juste que vante le président Mirzioïev.

L'adoption du texte ne faisait aucun doute après une campagne à sens unique, dans un État où la presse est toujours largement contrôlée. Les stars du cinéma ou du sport ont été mobilisées, les médias saturés des slogans soutenant le referendum, les fonctionnaires poussés à participer aux concerts et festivités organisées dans ce cadre. Et la seule tentative de s'y opposer avait été écrasée dans le sang. En juillet 2022, dans le Karakalpakstan (nord-ouest), des manifestations contre un amendement constitutionnel, depuis retiré, qui aurait réduit l'autonomie de cet immense territoire pauvre du nord du pays, ont fait 21 morts, selon un bilan des autorités.

Les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont déploré « le manque de véritable pluralisme et de compétition » lors du référendum. L'OSCE a également constaté qu'il n'y avait pas eu « d'opposition organisée contre les amendements » et souligné qu'il restait « du chemin à parcourir pour que les droits fondamentaux (...) soient respectés », malgré les récentes réformes dans le pays le plus peuplé d'Asie centrale.


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