Avec deux Premiers ministres rivaux, la Libye face à un nouveau casse-tête

Nouvelle phase d’incertitude pour la Libye, qui se retrouve depuis jeudi, après un vote controversé du Parlement, avec deux Premiers ministres rivaux.

 

Le Parlement de Tobrouk a investi l’ex-ministre de l'Intérieur, Fathi Bachagha, à la suite d’un accord politique entre diverses factions et milices, dont les forces de l’est de Khalifa Haftar. Mais dans le même temps, le chef du gouvernement sortant, Abdel Hamid Dbeibah, dont le mandat a expiré faute d’avoir pu organiser les élections, ne semble pas décidé à s’effacer.

Pour l’analyste Jalel Harchaoui, expert de la Libye à l’ONG Global Initiative Against Transnational Organized Crime, dans cette situation, les inconnues sont nombreuses. À commencer par savoir si « Bachagha va être capable de former un cabinet dans les deux semaines à venir ? Est-ce qu’il va venir avec des noms crédibles ? Beaucoup de paramètres sont encore inconnus, des paramètres que les acteurs eux-mêmes ne connaissent pas. »

La seule chose certaine, « c’est que la période de vacance de Dbeibah est terminée », estime le chercheur, interrogé par François Mazet du service Afrique de RFI. Anticipant ce vote du Parlement, Dbeibah a fait savoir à plusieurs reprises qu'il ne céderait le pouvoir qu'à un gouvernement sorti des urnes. « Il peut s’accrocher, ça va être beaucoup plus pénible, il va être affaibli. Rester encore quelques mois va être très difficile, mais il ne faut pas oublier qu’il a la Banque centrale de son côté, c’est le contrôle des tirelires, il peut fermer certaines vannes. Il faut maintenant vraiment trouver des arrangements qui soient viables. Et ce n’est pas forcément un casse-tête qui a une solution. »

L'ONU continue de soutenir Dbeibah

En attendant, Abdel Hamid Dbeibah bénéficie encore du soutien de l’ONU. Le porte-parole de l'organisation internationale Stéphane Dujarric a expliqué, peu après l’annonce de l’élection de Fathi Bachagha comme nouveau Premier ministre, que la position de l’institution « reste inchangée ». Jalel Harchaoui explique que ce soutien est logique « parce que l’ONU tient à des élections ».

« Le fer de lance de la diplomatie onusienne depuis deux ans, c’est de faire des élections, poursuit l’analyste. Le Parlement - qui a voté de manière orale et pas en bon et due forme - a expiré depuis longtemps. Les élections, c’était en juillet 2014, donc il y a quasiment huit ans. Si l’ONU s’allonge devant le Parlement, c’est accepter qu’il n’y a pas d’élections. Donc ils sont obligés, pour sauver l’idée d’élections, de dire "ce que vous avez fait n’a rien à voir avec le schmilblick et on reste avec Dbeibah et on va commencer à être plus conciliant dans notre langage, nous l’ONU, que si on voit des élections dans un avenir proche. Il ne faut pas perdre de vue cet objectif". »

Ce vendredi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exhorté « toutes les parties à continuer de préserver la stabilité en Libye comme une priorité absolue » et leur a rappelé « l'objectif premier d'organiser des élections nationales dans les meilleurs délais ».


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