Soudan: Abdallah Hamdock joue l'apaisement, l'opposition dénonce un jeu de dupes

Le Premier ministre a annoncé samedi 27 novembre avoir limogé le chef de la police et son adjoint, après une sanglante répression qui a fait 42 morts et des centaines de blessés depuis le coup d’État du 25 octobre. Pour l’opposition au putsch, la mesure est insuffisante. Car la répression a également été menée par différentes milices armées, notamment par les Forces de soutien rapide ainsi que par les services de renseignements. Conformément à l’accord signé la semaine dernière entre Abdallah Hamdok, de retour à son poste, et le général al-Burhan, plusieurs prisonniers politiques ont été libérés après un mois de détention. Alors que des centaines d’autres sont toujours détenus dans des lieux inconnus, l’opposition dénonce un jeu de dupes.

 

Plusieurs représentants de partis politiques, d’anciens ministres en détention pendant quatre semaines ainsi qu’une centaine de militants des Comités de résistance détenus à la prison de Soba, dans la capitale, ont retrouvé la lumière du jour. 

« La révolution soudanaise entame sa quatrième année avec force, détermination et volonté, et son destin sera victorieux », a déclaré Mohammed Nagy al-Assam l’une des figures de l’Association des professionnels soudanais libérée jeudi soir. Le même jour, Madani Abbas, ancien ministre du Commerce, Faez al-Silik, ancien conseiller de Abdallah Hamdok, ainsi que l’activiste Nazim Siraj ont entre autres été relâchés. Samedi, ce fut au tour de Khaled Omar, ancien ministre des Affaires du cabinet. 

L’un des responsables politiques libérés, Noureddine Saleh Eddine, l’un des dirigeants des Forces pour la liberté et le changement, s’est dit choqué par l’accord signé par Abdallah Hamdok avec le général al-Burhan. Les détails de l’accord, qu’il a appris par l’administration pénitentiaire, sont « choquants et inférieurs à ce que le peuple soudanais attendait d’un leader politique indépendant de l’envergue de Abdallah Hamdok ».

D’une main, les autorités relâchent des prisonniers dans la capitale, en vitrine, et de l’autre elles continuent d’arrêter des militants et notamment des membres de Comités de résistance à travers le pays. Depuis lundi, des arrestations ont eu lieu à Nyala ou Zalingei au Darfour, à Sennar, à el-Obeid ou encore à Gedaref confirment des avocats. 

Le pouvoir souffle le chaud et le froid. Abdallah Hamdok a par exemple ordonné mercredi l'arrêt immédiat des limogeages et le réexamen de toutes les nominations annoncées durant sa détention. Mais le lendemain, le Conseil de souveraineté présidé par le général Burhan, censé ne plus interférer dans les décisions de l’exécutif, a nommé Abdelaziz Fatih al-Rahman à la tête du pouvoir judiciaire, le même homme choisi à ce poste par Omar el-Béchir avant sa chute.

« Hamdok est devenu un employé de la junte », lâche Walid al-Riyah porte-parole de l’Association des professionnels soudanais. Le Parti communiste va plus loin, décrivant le premier ministre comme une « marionnette » entre les mains des militaires pour « liquider la révolution soudanaise ». 

Dans les rues, le retour de Abdallah Hamdok ne semble pas avoir entamé la mobilisation. Les comités de résistance annonceront prochainement la date de nouvelles manifestations contre le pouvoir militaire. 


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