Nicaragua: sans surprise Daniel Ortega réélu président pour un 4e mandat selon les premiers résultats

Il était assuré de sa réélection avant même le début du scrutin dimanche 7 novembre. Daniel Ortega s'achemine vers un quatrième mandat selon les premiers résultats annoncés par le tribunal électoral ce lundi. Des élections générales qualifiées de « farce » par une opposition réduite au silence ou à l'exil, par les Etats-Unis et le Costa Rica voisin où ont trouvé refuge de nombreux opposants. L'opposition elle avait appelé au boycott des urnes.

 

Ce fut un scrutin sans opposition, sans observateurs étrangers, sans journalistes de médias internationaux. Un scrutin qualifié par le président américain Joe Biden dans la nuit de « pantomime », « ni libre, ni juste et certainement pas démocratique ». L'Union européenne a également dénoncé ce lundi midi le « régime autocratique » en place au Nicaragua, par la voix de son Haut représentant aux Affaires étrangères et à la sécurité, Josep Borrell. Daniel Ortega « a éliminé toute concurrence électorale crédible, privant le peuple du Nicaragua du droit d'élire librement ses représentants », souligne le chef de la diplomatie européenne dans un communiqué. En conséquence ce qui caractérise ce scrutin, c'est son « absence de légitimité ». 

75 % des voix

Selon des premiers résultats officiels encore partiels rendus publics ce lundi par le tribunal électoral et rapportés par l'AFP, le président du Nicaragua Daniel Ortega a été réélu dimanche pour un quatrième mandat de cinq ans avec 75% des voix. Des résultats partiels officiels basés sur le dépouillement de la moitié des bureaux de vote, selon le tribunal électoral, qui donne un taux de participation de 65,34%. Un observatoire proche de l'opposition, Urnas Abiertas, donnait lui un taux d'abstention de 81,5%, basé sur les données de 1.450 observateurs non autorisés présents dans 563 bureaux de vote.

La participation était l'enjeu des scrutins -c'est ce qu'expliquait Gilles Bataillon dimanche sur notre antenne- car l'opposition, faute d'être autorisée à y participer, avait appelé à leur boycott. Les différents membres du gouvernement qui se sont exprimés dimanche insistaient sur les longues files d’attente, devant les bureaux de vote -mais une partie de la population doit aller voter en raison de sa dépendance à l'égard de l'Etat- alors que l’opposition partageait, au contraire, des images de rues totalement vides, de bureaux de vote déserts. Pour elle, pas de doute, l’appel à l’abstention a été entendu, rapporte notre envoyée spéciale Marie Normand depuis San José au Costa Rica, faute d'accréditation pour entrer au Nicaragua.

Qui dit vrai ? Cela ne changera pas les résultats, de toute façon. Sans adversaire, le Front sandiniste de libération nationale, FSLN, était assuré de remporter une très confortable majorité à l’Assemblée, et Daniel Ortega, un quatrième mandat consécutif.

Un dialogue est-il possible avec l’opposition ? 

Les avis divergent, selon les membres de l’opposition en exil, que RFI a pu interroger. Une forme de dialogue national semblait possible, après les élections. Daniel Ortega a récemment placé à la tête de secteurs clés, comme le Cocep - le Medef local - plusieurs personnes, qui avaient mené des négociations dans le passé. Ce dialogue pourrait concerner la libération des principales figures de l’opposition, mais en aucun cas amener à un partage du pouvoir.

Le couple Ortega-Murillo est en position de force, avec une opposition décimée. Une vingtaine de personnes ont encore été arrêtées ce week-end. Il faut aussi rappeler la très grande fermeté du discours du président, dimanche, qui a conspué ses opposants, les a accusés d’être des démons qui choisissent la violence. Difficile, dans ces conditions, d’imager l’ouverture d’un dialogue direct, en tout cas.


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