Composition de la Céni en RDC: les difficultés s'amoncellent

En République démocratique du Congo (RDC), la plénière au cours de laquelle l’Assemblée nationale pourrait entériner les candidats délégués par différentes composantes pour la composition de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), est finalement programmée pour ce samedi dans un climat tendu. L’opposition et certaines composantes de la majorité pro-Tshisekedi jugent irrégulière la commission qui doit présenter le rapport dans cette plénière après avoir auditionné toutes les personnalités désignées. Parmi ces personnalités, figure Denis Kadima, le choix controversé de six confessions religieuses pour la présidence de la Céni. Il n’a cependant pas la bénédiction des confessions religieuses catholique et protestante qui dirigent la Plateforme des confessions religieuses. Autant d’aspects jugés irréguliers et qui mobilisent opposants et certains alliés au pouvoir contre cette plénière.

 

Après avoir été désignés par leurs composantes, majorité ou société civile, - l’opposition ayant refusé à ce stade de désigner ses délégués pour la Céni - les candidats ont été mis à la disposition d’une commission parlementaire qui doit être composée des députés désignés par la majorité et l’opposition. Leur rôle :  entendre les candidats, émettre des avis sur leurs dossiers et soumettre les conclusions devant la plénière sous forme de rapport.

« Mascarade » 

Pour les députés fidèles à l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, membre de la majorité au pouvoir, la plénière convoquée pour statuer sur leurs conclusions est irrégulière. Le député Dieudonné Bolengetenge, est secrétaire du parti de Katumbi, Ensemble pour la République : « Pour nous, il n’y a pas matière à discussion. Nous ne pouvons pas participer à cette mascarade. La commission abusivement appelée mixte et paritaire n’a pas eu les délégués de l’opposition, donc ça n’a pas été une commission mixte, elle n’a pas été paritaire non plus. Le rapport ici est un rapport fabriqué de toutes pièces par une magouille dans des officines obscures orchestrés par ceux qui attendent caporaliser la Céni ».

Les pro-Katumbi, deuxième force politique au sein de l’Union sacrée pro-Tshisekedi, ne cachent pas leur colère : Aucun compromis n’a été trouvé jusqu’ici au sein de la majorité sur la répartition des six sièges qui reviennent à la coalition au pouvoir au sein de la Céni. Dans une declaration, vendredi, Ils ont même menacé de « réévaluer » leur participation au sein de l'Union sacrée. « Lorsque nous avons apporté notre concours à l’Union sacrée, nous l’avions fait de bonne foi. Nous avions même proposé un projet de cahier des charges de ce que nous aurions à réaliser ensemble, nos partenaires ne l’ont pas entendu de cet oreille. C’est maintenant que nous nous rendons compte qu’ils avaient des agendas cachés. Ils commencent à prendre des initiatives qui n’ont rien à voir avec l’intérêt de la population. Ils sont en train de pousser le pays dans la mauvaise direction. Il est tout à fait normal qu’on s’arrête et qu’on se pose de questions et qu’on tire les conséquences de cet état de choses », estime le secrétaire général de Ensemble pour la République.

« Non à tout assujetissement de la Céni »

La centaine de députés restés fidèles à Joseph Kabila sont aussi contre la plénière convoquée, un forcing, disent-ils. Dans une déclaration, ils ont mis le président Félix Tshisekedi devant les faits. En 2020, en plein bras de fer avec son prédécesseur Kabila, il avait refusé de nommer de nouveaux animateurs de la Céni, à cause des irrégularités lors de leur désignation dans les composantes ou leur entérinement par l’Assemblée nationale. Le député René-Sébastien Bofaya entouré de plusieurs dizaines de ses collègues du FCC : « Demandons au président de la République de ne pas entériner la désignation d’un président de la Céni et des autres animateurs de cette institution, obtenues dans des conditions d’irrégularité manifeste et d’éviter ainsi à la République, la rupture des équilibres nécessaires à sa survie en tant qu’État et Nation (...) Nous disons également non à tout assujetissement de la Céni ».

A l’instar de la coalition d’opposition Lamuka et des organisations de la société civile, les pro-Kabila aussi appellent à un consensus, en revoyant les textes qui politisent la Céni. Cette plénière aurait dû se tenir vendredi 15 octobre mais elle a été reportée à cause des dissensions au sein de la majorité pro-Tshisekedi autour du poste de premier vice-président de la Céni, un poste stratégique. En vertu de la nouvelle loi sur la Céni, c’est le premier adjoint au président de cette institution qui est chargé de superviser le déroulement des scrutins et collecter les résultats. Ce poste est réservé aux députés dissidents du FCC de Kabila.


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