Afghanistan: les autorités imposent un couvre-feu dans la quasi totalité du pays

Confrontées depuis deux mois à une offensive tous azimuts des talibans, les autorités afghanes ont décrété ce samedi un couvre-feu nocturne de 22h à 4h dans l'ensemble du pays, à l'exception de trois provinces.

 

Le ministère afghan de l'Intérieur a fait savoir ce samedi 24 juillet, qu'un couvre-feu était décrété dans 31 provinces des 34 que comptent le pays, « afin d'endiguer la violence et de limiter les mouvements des talibans ». Ce couvre-feu sera en vigueur de 22h à 4h du matin, sans limitation dans le temps dans son application. Seules les provinces de Kaboul, du Panchir et de Nagarhar ne seront pas concernées.

Selon un membre des services de sécurité afghans interrogé par notre correspondante à Kaboul, Sonia Ghezali, l’objectif de ce couvre-feu est d’empêcher les talibans de se déplacer la nuit et de profiter de l’obscurité pour voler des armes, des munitions, s’approvisionner, se cacher dans des lieux stratégiques pour avoir l’avantage dans les combats avec les forces gouvernementales.

Ce couvre-feu peut-il encore faire la différence avec les combattants talibans qui semblent avoir l’avantage sur le plan militaire ? Alors que retrait définitif des troupes étrangères est désormais quasiment complet, les talibans ont en effet repris une bonne partie du territoire, en occupant notamment de larges zones rurales, mais aussi des postes frontières importants avec les pays voisins (Iran, Tadjikistan, Pakistan, Turkménistan). Seuls les principaux axes et les grandes capitales provinciales sont encore sous contrôle gouvernemental.

Selon Aman, un ingénieur travaillant dans le Badakhshan (nord-est), ce couvre-feu est insuffisant. Il a assisté à la capture de quatre districts de cette province frontalière du Tadjikistan. Avant même que les talibans ne lancent leurs attaques, raconte-t-il, les soldats, les policiers et les autorités locales avaient fui leurs postes. Aman ne s’explique pas ces désertions qui laissent penser, dit-il, que le gouvernement a, dans certains districts, laissé le chemin libre aux talibans.

 

Contre-offensive

Les autorités ont annoncé le lancement d'une contre-offensive militaire dans une quinzaine de provinces pour reprendre du terrain sur les talibans. Selon le ministère de la Défense cité par l'AFP, l'armée aurait même repris un district stratégique de la province d'Hérat, frontalière avec l'Iran.

Même si les troupes américaines sont pratiquement toutes parties du territoire, le chef d'état-major de l'armée américaine a néanmoins précisé qu'elle avait fourni un appui aérien à cette contre-attaque. Un appui dénoncé par les talibans, qui ont prévenu le président Ashraf Ghani qu'il devait être tenu pour responsable des conséquences de ces opérations. 

« Au cours de cette période de six mois, la responsabilité de toute évolution militaire incombera aux dirigeants du gouvernement de Kaboul, a déclaré à l'AFP Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans. Les combattants défendront âprement leurs territoires et ne resteront pas en posture défensive si l'ennemi insiste pour faire la guerre ».

Depuis quelques mois, les talibans assurent être partisans d'un « accord politique » pour mettre fin au conflit, et tentent d'afficher une image plus moderne et modérée, notamment vis-à-vis de l'étranger. Mais depuis le début de leur offensive, le gouvernement les accusent d'atrocités.


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