Régionales 2021 : à droite, une joute à distance entre Bertrand, Pécresse et Wauquiez

Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez sont tous les trois candidats à leur réélection, respectivement dans les Hauts-de-France, en Ile-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes. Une première étape avant la désignation du candidat de la droite à la présidentielle de 2022.

 

Ils sont en campagne pour leur réélection à la présidence de leur région, mais leur esprit est aussi tourné vers l’Élysée. Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez nourrissent tous les trois une ambition présidentielle, espérant chacun être celui ou celle qui représentera la droite en 2022. Leur stratégie pour y parvenir diverge cependant : quand le premier a déjà déclaré officiellement sa candidature, les deux autres préfèrent rester discrets et d’abord assurer leur victoire aux régionales. Le scrutin des 20 et 27 juin revêt donc une importance particulière pour ces trois candidats lancés dans une bataille à distance.

À ce petit jeu, Xavier Bertrand a pris de l’avance. Officiellement candidat à la présidentielle de 2022 depuis le 24 mars et une interview fleuve dans le magazine Le Point, le président de la région Hauts-de-France joue sur les deux tableaux : des propositions pour sa région et d’autres pour la nation. Une stratégie qui lui permet d’aborder des sujets qui n’entrent pas dans les prérogatives du conseil régional – comme la sécurité, la réindustrialisation de la France ou la réforme des retraites – mais qui ne manqueront pas d’arriver jusqu’aux oreilles de ses électeurs.

Surtout, Xavier Bertrand, qui a quitté Les Républicains en 2017, ne cesse de le clamer : sa candidature ne dépend pas de ce que fera le parti de droite à l’automne. "Je ne rentrerai dans aucun processus de primaire. L’état d’esprit qui est le mien est très clair : une élection présidentielle c’est la rencontre d’un candidat et des Français. Si j’ai quitté Les Républicains – c’était mon parti, ça reste ma famille politique – ça n’est pas pour revenir dans un système", a-t-il affirmé, jeudi 17 juin, sur Franceinfo, en oubliant toutefois de mentionner qu’il aura bien besoin des moyens humains et financiers de LR pour faire campagne.

Sa stratégie vise à tuer le match face aux autres candidats potentiels, à s’imposer avant même que la course ne soit lancée. Le tout avec un story-telling clair : Xavier Bertrand se présente comme le candidat d’une droite sociale, soucieux du régalien, de justice sociale, mais aussi comme un rempart face au Rassemblement national (RN).

Une victoire nette aux régionales face au RN, mais aussi face à La République en marche qui a envoyé pas moins de cinq ministres-candidats en campagne dans les Hauts-de-France, constitue pour lui une étape clé. L’ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy a d’ailleurs annoncé qu’il se retirerait de la vie politique en cas de défaite. Une annonce peu risquée, Xavier Bertrand étant donné gagnant dans tous les sondages.

"Ce que je veux pour l’Ile-de-France, je le veux évidemment aussi pour le pays"

En Ile-de-France, Valérie Pécresse a elle aussi déclaré qu’une défaite aux régionales serait synonyme d’arrêt de sa vie politique. Et pour elle aussi, cette promesse ne doit pas vraiment l’empêcher de trouver le sommeil puisque l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy devrait être réélue, à en croire les sondages.

En revanche, celle qui a quitté LR en 2019 – pour fonder le parti Soyons libres – se garde bien d’annoncer sa candidature à la présidentielle, même si elle a déclaré, le 4 juin, dans Challenges : "Ce que je veux pour l’Ile-de-France, je le veux évidemment aussi pour le pays". Valérie Pécresse affirme donc qu’elle se concentre sur sa région, où les scores de l’extrême droite sont moins élevés que dans les Hauts-de-France, à l’inverse de ceux de La République en marche. Être nettement réélue face au candidat du parti présidentiel, Laurent Saint-Martin, qui peut lui aussi compter sur la présence dans sa liste de cinq ministres-candidats, est donc une nécessité : cela lui permettrait de se présenter comme la meilleure candidate de la droite pour récupérer les électeurs partis depuis 2017 chez Emmanuel Macron.

Pour y parvenir, Valérie Pécresse insiste sur un thème considéré par la droite comme le talon d’Achille du chef de l’État : la sécurité.

"J’ai décidé que la région, qui n’a pas la compétence sécurité, allait s’en emparer. Je l’ai décidé dès 2016, au lendemain des attentats du Bataclan, en signant une convention avec Bernard Cazeneuve qui permet à la région d’être coproductrice de sécurité. Et on va aller plus loin dans le second mandat. Je souhaite maintenant signer une convention avec le ministère de la Justice parce que le vrai angle mort aujourd’hui dans la sécurité c’est la sanction. (…) Si l’État ne le fait pas, la région est prête à le faire", a-t-elle assuré, dimanche 13 juin, sur BFM TV.

Un budget sécurité qui passe "de 0 à 160 millions d’euros"

La présidente de la région promet notamment une police des transports, une agence régionale des travaux d’intérêt général, des places de prison ou encore des places dans les centres éducatifs fermés pour les mineurs.

Enfin, le plus discret est sans doute Laurent Wauquiez. Sonné par le faible score aux européennes de la droite en 2019 (8,48 %) alors qu’il dirigeait LR, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes avait démissionné dans la foulée pour se consacrer à 100 % à son mandat local. Pour autant, l’Élysée reste dans un coin de sa tête. "Je ne vais pas être spectateur. Je vais m’engager", a-t-il déclaré, le 27 mars, au Journal du Dimanche, à propos de la prochaine campagne présidentielle. Une franche victoire aux régionales pourrait le remettre en piste face à ses deux rivaux, d’autant qu’il est le seul des trois à être toujours membre du parti Les Républicains.

Pour protéger nos enfants face au racket et au harcèlement, nous voulons déployer une brigade régionale de sécurité qui pourra intervenir dans les établissements mais aussi installer des caméras dans 100% de nos cars scolaires.

Comme Valérie Pécresse, lui aussi mise sur la sécurité, se félicitant d’avoir installé 6 000 caméras de surveillance dans les communes, des portiques d’accès à l’entrée des lycées et d’avoir développé la police ferroviaire grâce à un budget passé depuis 2015 "de 0 à 160 millions d’euros". Laurent Wauquiez souhaite désormais aller plus loin avec encore plus de caméras, notamment dans les cars scolaires, l’utilisation de la reconnaissance faciale et de boîtiers d’alerte pour les femmes victimes de violences conjugales ou les commerçants.

Favori des sondages, sa victoire en Auvergne-Rhône-Alpes, comme celles de Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France et de Valérie Pécresse en Ile-de-France, semble assurée. Reste à savoir lequel des trois sera le mieux élu et aura la plus belle histoire à proposer aux électeurs de droite.


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