Nucléaire iranien : discussions à Vienne avec les États-Unis pour sauver l’accord

Les États-Unis participent à des discussions, mardi, à Vienne pour tenter de sauver l’accord international sur le nucléaire iranien, marquant une évolution notable de la politique américaine.

 

Joe Biden prêt à négocier sur le dossier du nucléaire iranien. Les États-Unis participent, à partir de mardi 6 avril, à des discussions à Vienne pour tenter de sauver l'accord international que son prédécesseur, Donald Trump, avait décidé de quitter.

Les États-Unis ne seront toutefois pas à la même table que Téhéran et ce sont les Européens qui serviront d'intermédiaire entre les deux parties, dans l'espoir de parvenir à des résultats concrets après deux mois d'impasse.  

Washington a envoyé de premiers signaux positifs en se disant prêt à "lever les sanctions qui sont en contradiction avec l'accord", selon des propos de l'émissaire américain Rob Malley à la chaîne de télévision PBS.

Ali Rabii, porte-parole du gouvernement iranien, a salué une "position réaliste et prometteuse", qui "pourrait être le début de la correction du mauvais processus qui avait mis la diplomatie dans l'impasse".

 

Dès que ces mesures punitives qui asphyxient son économie seront levées, l'Iran a promis de renouer avec ses engagements nucléaires, dont il s'est progressivement affranchi depuis le retrait des États-Unis de l'accord.

"Un jalon important"

L'ex-président américain Donald Trump avait dénoncé unilatéralement en 2018 ce pacte conclu à Vienne trois ans plus tôt, qui vise à garantir que Téhéran ne cherche pas à se doter de la bombe atomique.

Mais Joe Biden a dit vouloir le réintégrer, et depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier, les différentes parties s'activent en coulisses.

L'ouverture de discussions ce mardi est "un jalon important, montrant que les États-Unis comme l'Iran tiennent sérieusement à briser l'inertie et le schéma attentiste qui consiste à dire 'la balle est dans l'autre camp'", a commenté sur Twitter Ali Vaez, de l'organisation de prévention des conflits International Crisis Group.

"Des entretiens bilatéraux préparatoires étaient en cours" dans la matinée dans un hôtel de luxe de la capitale autrichienne, selon un tweet de l'ambassadeur russe auprès des organisations internationales, Mikhail Ulyanov.

Le coup d'envoi de la commission mixte est prévu à 14 h 30 en présence de l'ensemble des signataires du JCPOA (Plan d'action global commun) : Iran, Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine, Russie, le tout sous l'égide de l'UE représentée par le secrétaire général adjoint du Service d'actions extérieures, Enrique Mora.

Dans le même temps, "des réunions d'experts se tiendront pendant 15 jours, un mois, on ne sait pas", détaille un diplomate européen basé à Vienne.

"Agir vite"

Les États-Unis, dont l'émissaire Rob Malley est attendu à Vienne plus tard dans la journée, seront régulièrement informés des avancées des discussions et interagiront de manière indirecte. La République islamique a, en effet, exclu toute "réunion" avec la délégation américaine.

Pour Kelsey Davenport, directrice de la politique de non-prolifération au sein de l'Arms Control Association, "cette diplomatie de la navette n'est certes pas idéale mais l'UE est bien placée pour sortir de l'impasse et coordonner les mesures nécessaires pour restaurer l'accord".  

Cette experte appelle à "un premier geste audacieux des deux côtés pour insuffler un élan au processus et démontrer la volonté politique de chacun".

Washington pourrait par exemple débloquer "l'accès aux transactions financières étrangères et faciliter l'aide humanitaire" – médicaments et équipements médicaux notamment, dit-elle, tandis que Téhéran pourrait en contrepartie stopper l'enrichissement d'uranium à hauteur de 20 %. 

Mais la tâche ne sera pas simple, préviennent les experts. "Le problème, c'est tout ce qui est irréversible comme les activités de recherche entreprises par Téhéran [au cours des derniers mois]", souligne le diplomate interrogé.

Kelsey Davenport pointe aussi "ceux qui veulent torpiller l'accord" dans chacun des deux pays ennemis, appelant les négociateurs à "agir vite".


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