Arrestations en Jordanie: les autorités s'expliquent

Au lendemain d'une vague d'arrestations en Jordanie, le vice-Premier ministre a tenu une conférence de presse ce dimanche 4 avril.

 

Comme annoncé, les autorités jordaniennes ont apporté ce dimanche des explications à la vague d'arrestations menées hier dans le pays. Deux personnalités, Bassem Awadallah et Cherif Hassan ben Zaid, ainsi que 14 à 16 autres personnes ont été arrêtées, a indiqué le vice-Premier ministre Aymane Safadi, aussi ministre des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse.

« Les services de sécurité ont suivi durant une longue période les activités et les mouvements du prince Hamza ben Hussein, de Cherif Hassan ben Zaid et de Bassem Awadallah et d'autres personnes visant la sécurité et la stabilité de la patrie », a-t-il dit. « Les enquêtes ont permis de surveiller les interventions et les contacts avec des parties étrangères visant à déstabiliser la sécurité de la Jordanie », a-t-il ajouté.

Le cas du prince Hamza

Selon lui, les services de sécurité ont recommandé au roi Abdallah II de déférer toutes les personnes mises en cause devant la Cour de sûreté de l'État. « Cependant, le roi a décidé qu'une conversation devait avoir lieu avec le prince Hamza, afin de traiter la question dans le cadre de la famille hachémite, pour le dissuader de poursuivre ses activités qui (...) sont exploitées pour altérer la sécurité de la Jordanie et des Jordaniens et qui constituent une rupture avec les traditions et les valeurs de la famille hachémite », a précisé le vice-Premier ministre.

 

Mais cela s'est mal passé. « Le chef d'état-major interarmées ont rencontré samedi le prince Hamza pour transmettre ce message et lui ont demandé d'arrêter tous les mouvements et activités visant la sécurité et la stabilité de la Jordanie, mais Hamza a traité cette demande d'une manière négative sans prendre en considération les intérêts du pays », a continué Aymane Safadi, sans préciser le sort qui sera réservé au prince Hamza.

Le ministre a fait état de communications entre des personnes du cercle d'Hamza et « des organes à l'étranger ». Selon Aymane Safadi, une « personne ayant des liens avec les services de sécurité étrangers a été en contact avec la femme du prince Hamza et lui a proposé de mettre à sa disposition un avion pour qu'elle quitte la Jordanie vers un pays étranger ».

Très populaire en Jordanie, le prince Hamza entretient des relations houleuses avec son demi-frère, le roi Abdallah II, qui lui a retiré en 2004 le titre de prince héritier. Dans une vidéo adressée à la BBC, le prince Hamza affirme avoir été assigné à résidence et conteste avoir pris part à un complot. Il accuse au contraire les autorités de son pays de « corruption » et d'« incompétence ».

Soutien des pays du Golfe

Dès l'annonce de la vague d'arrestations, les alliés de la Jordanie ont exprimé leur soutien au roi Abdallah II. À commencer par les États-Unis qui ont rappelé qu'il était un « partenaire clé ». Les pays du Golfe ont aussi fait bloc, indique notre correspondant à Dubaï, Nicolas Keraudren. Dans un communiqué, les Émirats arabes unis ont d'ailleurs souligné que « la sécurité et la stabilité de la Jordanie sont partie intégrante de leur propre sécurité ». 

L'Arabie saoudite a quant à elle multiplié les réactions. D'abord dans un tweet pour exprimer son soutien « total (…) aux décisions et mesures prises pour sauvegarder la sécurité et la stabilité » du pays. Un conseiller à la cour royale a également publié sur les réseaux sociaux des photos du prince héritier saoudien Mohamed ben Salman, tout sourire au côté du roi jordanien. « Pas de commentaire. Ces images parlent [d'elles-mêmes] » a-t-il ajouté. 

De cette manière, Riyad coupe court aux rumeurs d’ingérence présumée dans les affaires internes jordaniennes, estiment les analystes. Car parmi les personnes arrêtées, certains entretiendraient des relations privilégiées avec MBS.  


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