Sénégal: fêtes de l'Indépendance annulées et mesures fortes face au coronavirus

Interdiction des manifestations publiques, suspension des cours, et même annulation de quasiment toutes les festivités de l'Indépendance... Le président sénégalais Macky Sall a annoncé samedi une série de mesures fortes face à la progression du nouveau coronavirus.

Selon un nouveau bilan communiqué samedi, 22 personnes ont été déclarées infectées au Sénégal depuis le 2 mars, dont deux sont guéries. Parmi trois nouveaux cas répertoriés figure un bébé de deux ans fils d'un Sénégalais vivant en Italie et lui-même déclaré préalablement positif, a indiqué le ministère de la Santé.

Aucun décès n'a été rapporté. Mais la récente propagation du mal, en particulier dans la ville religieuse de Touba, et l'approche de grands festivals musulmans ont créé une urgence. Le report ou l'annulation de premiers rassemblements religieux prévus le jour même à Medina Gounass (sud) ou dimanche à Tivaouane (centre) a été annoncée dans la presse après l'intervention de M. Sall.

M. Sall, soumis à la pression d'intérêts religieux et sanitaires contraires, avait convoqué une réunion d'urgence au palais présidentiel. Il a ensuite détaillé les mesures dans une intervention retransmise ensuite en direct par la télévision nationale.

"Toutes les manifestations publiques sur l'ensemble du territoire national" sont interdites pendant 30 jours; les cours sont suspendus dans les écoles et les universités pour trois semaines à partir de lundi; les formalités liées aux pèlerinages vers les lieux saints de l'islam et du christianisme sont suspendues; les escales des bateaux de croisière sont temporairement supprimées, et les contrôles sanitaires à toutes les frontières seront systématiquement renforcés.

A ces mesures, M. Sall en ajouté une représentative de la gravité de l'heure: l'annulation de toutes les célébrations de l'Indépendance dans tout le pays le 4 avril, en dehors d'une prise d'armes qu'il dirigera au palais présidentiel.

 

- Inquiétudes sur les systèmes sanitaires -

 

Il a donné pour consigne à son gouvernement, au-delà d'un plan d'urgence déjà adopté, de finaliser un "plan de contingence" qui prévoira le déploiement d'hôpitaux mobiles par l'armée et l'acquisition de moyens de réanimation et de protection individuelle.

L'Afrique subsaharienne a jusqu'à présent été nettement moins touchée que le reste de la planète par la pandémie, qui a fait plus de 5.700 morts dans le monde et atteint plus de 151.000 personnes depuis son apparition en décembre selon un décompte de l'AFP.

La propagation éventuelle du virus y suscite de vives préoccupations quant à la faculté des systèmes sanitaires locaux à faire face.

Le Sénégal, pays pauvre de 16 millions d'habitants et un des premiers où le nouveau coronavirus ait fait son apparition en Afrique subsaharienne, a rapidement pris des dispositions pour la détection, la prévention et l'information du public, en collaboration avec les organisations internationales.

Tout en restant loin des chiffres asiatiques ou européens, l'augmentation du nombre des contaminations cette semaine a causé l'inquiétude, surtout quand il s'est avéré que la très grande majorité des personnes infectées depuis le 2 mars étaient liées à Touba. 

Or cette ville religieuse musulmane et deuxième agglomération du pays est censée accueillir le 22 mars son deuxième plus grand événement de l'année, parmi d'autres festivals programmés ce mois-ci.

 

- Appel aux khalifes -

 

Le président sénégalais a spécifiquement invoqué l'apparition d'un "foyer de transmission communautaire", dans une apparente référence à Touba, pour justifier les mesures rendues publiques samedi.

Devant le risque sanitaire, les appels se sont multipliés à une interdiction des rassemblements religieux qui peuvent drainer des centaines de milliers de fidèles.

Près de 95% de la population sénégalaise est musulmane.

Malgré la pression, aucune annulation n'avait été annoncée avant samedi par les khalifes qui dirigent les confréries musulmanes, au rôle social primordial. L'un des plus éminents d'entre eux avait cependant signifié qu'il fallait s'en remettre à la décision du président.

Avant même les mesures annoncées par le président, l'Eglise catholique au Sénégal a annoncé dans un communiqué supprimer ou reporter tous les grands rassemblements de fidèles, "jusqu'à une date plus favorable".

La part des chrétiens, majoritairement catholiques, est chiffrée à environ 5% de la population.


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