Coronavirus : le Danemark en crise politique après l'abattage de millions de visons

L'opposition danoise a réclamé mercredi la démission de la Première ministre, dans la foulée de celle de son ministre de l'Agriculture. Ce dernier avait ordonné illégalement l'abattage de millions de visons contaminés par un variant du coronavirus.

Des éleveurs de visons manifestant à Aalborg, dans le nord-ouest du Danemark, le 14 novembre 2020, après la décision illégale du gouvernement d'abattre des millions d'animaux contaminés par une mutation du Covid-19. © Henning Bagger, AFP

 

Au Danemark, une crise politique s'est ajoutée à la crise sanitaire liée au coronavirus. Mercredi 18 novembre, l'opposition danoise a réclamé la démission de la Première ministre sociale-démocrate, Mette Frederiksen, dans la foulée de celle de son ministre de l'Agriculture après l'abattage illégal de millions de visons contaminés par un variant du coronavirus.

Jeudi, le ministre danois de la Santé a annoncé qu'il était "très probable" que cette mutation ait disparu, citant une étude de l'Institut national de sérologie. 

La veille, le ministre de l'Agriculture, Mogens Jensen, avait annoncé à la télévision publique DR qu'il quittait ses fonctions. "J'estime ne plus avoir l'appui nécessaire auprès des partis présents au Parlement", a-t-il déclaré. "Je dois présenter ma démission". Il est tout à fait clair que des erreurs ont été commises au sein de mon ministère, et j'en assume la responsabilité", a-t-il ajouté alors qu'est publié un audit sur le déroulement des faits.

 

Le 4 novembre, le Danemark avait ordonné l'élimination de tous ses visons – soit entre 15 et 17 millions de têtes – à la suite de la découverte d'une mutation du nouveau coronavirus transmissible à l'homme chez ces mammifères, qui pourrait selon Copenhague compromettre l'efficacité d'un futur vaccin humain.

Dans un article publié le même jour, le site d'Information Berlingske se demandait si le Danemark ne risquait pas de "devenir le nouveau Wuhan" en raison des élevages des visons.

Depuis, la contestation monte. La presse a en effet révélé que la législation ne permettait pas d'imposer l'abattage d'animaux en dehors des zones de concentration de bêtes malades, ce que le gouvernement a reconnu.

Contestation scientifique

Un certain nombre d'éleveurs ont protesté contre l'abattage de bêtes en bonne santé et des scientifiques ont également réagi aux déclarations du gouvernement et de certains médias. François Balloux, professeur de génétique à l'University College London (UCL), a notamment qualifié sur Twitter d'"irresponsable" l'article de Berlingske.

Selon lui, la possibilité d'une transmission du Covid-19 du vison à l'homme est établie depuis longtemps, mais ne marque pas une aggravation de l'épidémie. "Il y a des milliers de mutations du #SARSCoV2 qui apparaissent constamment. Le fait que quelques-unes aient été observées chez les visons ne changera pas les souches en circulation chez l'homme", affirme François Balloux.

L'affirmation selon laquelle la mutation touchant les visons pourrait mettre en danger le vaccin destiné aux humains est "stupide", estime le scientifique même si les élevages de visons "représentent des réservoirs pour le virus, rendant plus difficile le maintien de la transmission".

Mette Frederiksen a présenté des excuses publiques et imputé la responsabilité de cette erreur au ministère de l'Agriculture, mais une enquête gouvernementale rendue publique mercredi a montré que la décision d'abattre les 17 millions de visons d'élevage du pays avait été prise collectivement par le gouvernement.

L'investigation a également démontré qu'avant que la Première ministre annonce à la télévision, cet ordre d'abattage le 4 novembre 2020, ses services l'avaient mise en garde contre la légalité de cette décision, prise par précaution sanitaire.


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