États-Unis: derniers honneurs pour la juge Ginsburg dans l'attente de sa remplaçante

Les derniers hommages officiels ont été rendus à Ruth Bader Ginsburg au Capitole de Washington vendredi. À moins de 40 jours de l'élection présidentielle, Donald Trump doit annoncer ce samedi 26 septembre le nom de sa remplaçante pour siéger à la Cour suprême.

Jusqu’à sa mort, Ruth Bader Ginsburg aura repoussé les barrières sociales. Jeudi, son cercueil était exposé à l’entrée de la Cour suprême. Vendredi, c’est le Congrès qui a rendu un hommage solennel à la juge progressiste adulée par la gauche américaine. Sa dépouille a été transportée avec tous les honneurs pour être exposée sous la coupole du Capitole de Washington. « RGB » – comme elle est surnommée – est la première femme à recevoir un tel hommage, la première personne de confession juive également.

Ruth Bader Ginsburg, la mort d'une icône américaine

C’est d’ailleurs une femme rabbin qui a ouvert la cérémonie devant le cercueil drapé dans la bannière étoilée. Un hommage sur fond d’opéra, l’autre grande passion de Ruth Bader Ginsburg. Un hommage politique également avec Nancy Pelosi. « Sa disparition est une perte incalculable pour notre démocratie et tous ceux qui luttent pour construire un meilleur avenir à nos enfants », écrit la chef des démocrate à la Chambre des représentants.

 

Au première rang, la présence remarquée du candidat démocrate à la présidence Joe Biden et de sa colistière Kamala Harris. Une absence remarquée, celle de Donald Trump. Lors de l’hommage de la veille, le président a été hué par la foule. Il doit annoncer ce samedi le nom de la remplaçante d’RBG. Une ultra-conservatrice présentée comme sa parfaite antithèse. Plusieurs grands médias américains, citant des sources républicains bien placées, rapportent qu'il pourrait s'agir de la juge Amy Coney Barrett, connue pour ses convictions religieuses traditionalistes.

Amy Coney Barrett, l'antithèse de « RGB »

Amy Coney Barrett est une fervente catholique, membre d’une petite communauté charismatique controversée. Elle est ouvertement opposée à l’avortement et elle l’a prouvé dans sa vie personnelle. À 48 ans, cette ancienne prof de droit est mère de sept enfants, dont deux adoptés en Haïti et un diagnostiqué trisomique pendant sa grossesse. 

Alors que « RGB » était une icône pour la gauche américaine, elle est une célèbrité au sein de la droite religieuse et ce depuis son audition houleuse par le Sénat en 2017, au moment de sa nomination dejà par Donald Trump mais comme juge d’appel fédérale cette fois. « Vous avez toujours estimé que vos croyance religieuses devaient prévaloir », lui avait lancé Diane Feinstein, la sénatrice democrate de Californie. « Le dogme est profondément ancré en vous. » Cette phrase est depuis imprimée sur des t-shirt et des mugs qui se vendent dans les cercle religieux. 

Et ce qui inquiète l’opposition, c’est que cette troisième juge nommée par Donald Trump va durablement modifier l’équilibre idéologique de la plus haute juridiction du pays : six des neuf juges seront désormais conservateurs. La principale inquiétude, c’est un retournement de la jurisprudence Roe v. Wade de 1973, ce célèbre arrêt de la Cour suprême qui avait légalisé l’avortement aux États-Unis.

Un enjeu politique majeur

Mais quel que soit le nom du ou de la future juge qui sera désigné par le locataire de la Maison Blanche ce samedi, le simple fait de nommer un troisième juge conservateur durant son mandat dans la plus importante institution américaine est une victoire en soi pour Donald Trump. Ce sera certainement le leg le plus important qu’il laissera.

En quatre ans, il sera parvenu à transformer en profondeur le plus important organe de justice du pays, dorénavant très majoritairement conservateur. Fini les compromis. Or, des sujets centraux sont en balance : les armes à feu, l’avortement ou encore les libertés religieuses. Qui plus est cette transformation de la Cour suprême s’inscrit dans la durée du fait de l’âge des juges choisis et qui sont nommés à vie.

Les conservateurs, même ceux qui ne soutiennent pas forcément Donald Trump à l’image de Mitt Romney, applaudissent, d’où cet engouement des sénateurs républicains pour procéder à un vote le plus rapidement possible. Du côté des démocrates, c’est la consternation et l’indignation qui priment. Ils annoncent d’ores et déjà qu’en cas de victoire lors de la présidentielle et si d’aventure ils remportent la majorité au Sénat, ils n’hésiteront pas à réformer ce véritable temple du droit américain.

Si une nouvelle juge remplace Ginsburg, on aura cinq forts conservateurs qui n’auront pas d’états d’âme et qui voteront fièrement pour abolir le droit à l’avortement. C’est vraiment ça l’enjeu et c’est à cause de cet horizon tellement excitant pour toute la base du parti républicain que Trump pense que s’il nomme quelqu’un de satisfaisant, ces gens-là se mobiliseront en masse pour voter.


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