Ukraine: Les bombardements continuent malgré la trêve annoncée par Moscou

Le cessez-le-feu unilatéral de 36 heures, décrété le 5 janvier par Vladimir Poutine pour « permettre aux orthodoxes de célébrer Noël » a débuté en Ukraine, mais on sait déjà qu'il n'est pas respecté, puisque des bombardements sont signalés à Bakhmout, Kramatorsk et Donetsk.

 

Alors que cessez-le-feu unilatéral décrété par la Russie est entré en vigueur ce vendredi à midi, heure de Moscou, des bombardements seraient d'ores et déjà signalés, côté ukrainien comme côté russe, à Bakhmout, et également à Kramatorsk, dans l'est de l'Ukraine où un immeuble résidentiel a été touché par des roquettes russes, selon l'AFP. L'armée russe assure respecter sa trêve, mais accuse les troupes ukrainiennes de « continuer à bombarder les villes et les positions russes ». Les autorités séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine ont fait état de plusieurs bombardements ukrainiens sur leur bastion de Donetsk.

À Kiev, on a rejeté en bloc l’idée d’un arrêt des combats, soulignant en particulier le fait que Moscou n’avait pas respecté de trêve lors du Nouvel An, et n’avait pas non plus accepté la proposition ukrainienne d’un cessez-le-feu à Pâques en avril 2022. Côté russe, la décision de Poutine avait été accueillie avec beaucoup de scepticisme par les milieux ultranationalistes. Ils y voyaient un signe de faiblesse alors qu’ils espéraient plutôt une escalade après la mort dans un bombardement ukrainien de dizaines de conscrits russes en fin de semaine dernière. 

Malgré tout cela, aucun contrordre n’est venu du Kremlin pour annuler la tenue de ce cessez-le-feu. Certaines sources ukrainiennes dénoncent également des bombardements sur la ville de Kherson sans qu’il soit possible de savoir si ceux-ci ont eu lieu après le début de la trêve. Rien ne permet encore de savoir quel sera, dans les faits, le comportement des troupes russes et ukrainiennes sur le terrain. Mais à en juger par les réactions politiques et médiatiques, dans un camp comme dans l’autre, personne ne semble réellement vouloir de cette pause dans les combats.

À Kiev, la population sceptique

Sur la place Maïdan à Kiev, symbole de la résistance à l’influence russe en Ukraine, un parterre piqué de centaines de drapeaux rappelle le nombre de morts depuis le 24 février 2022, décrivent les envoyés spéciaux de RFI, Aabla Jounaïdi et Boris Vichith. La trêve unilatérale annoncée par Moscou pour le Noël orthodoxe n'enthousiasme personne. Serhii, originaire de Dnipro, n’y croit pas : « Bien sûr, Poutine veut encore jouer au "grand stratège", mais c’est perdu d’avance. Il veut utiliser cette date pour avancer ses objectifs. On a été bombardés le 25 décembre, au Nouvel An. On n’a pas eu de trêve à ce moment-là. Poutine n’est pas un gentil gars. Donc, nous n’aurons pas de trêve. C’est du bluff. »

La jeune Mia, qui vit en Pologne, est de passage à Kiev pour les fêtes. Mais elle repart aujourd’hui. Son Noël, elle l’a célébré en famille le 25 décembre : « Parce que nous voulons enfin être aux standards européens. La Russie, ce n’est pas notre culture, ce n’est pas notre histoire. C’est l’influence russe et nous refusons tout ce que la Russie veut imposer. C’est ce qu’il faut faire. » Comme elle, beaucoup, ont fait ce choix de ne pas célébrer Noël selon le calendrier julien, soit le 7 janvier, afin de tourner le dos à Moscou.


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