Irak: les partisans de Moqtada al-Sadr quittent la «zone verte» à Bagdad après l'appel de leur chef

Au moins 23 personnes sont mortes depuis lundi dans des affrontements entre militants de Moqtada al-Sadr et des forces loyales au gouvernement dans la « zone verte » de Bagdad après l’annonce par le chef religieux de son retrait de la vie politique. Mais le dirigeant est intervenu ce mardi 30 août, appelant ses partisans à rentrer chez eux.

 

Le chef religieux a pris la parole à la mi-journée, mardi, dans son fief de Najaf, au sud de Bagdad. « Si tous les membres du Courant sadriste ne se retirent pas dans les 60 minutes de partout, même du sit-in [devant le Parlement], je les désavouerai », a lancé sur un ton ferme Moqtada al-Sadr lors d'une conférence de presse. Il a présenté ses excuses au peuple irakien, seul affecté par les événements, dit-il. « L’Irak doit désormais combattre la corruption et la violence », a-t-il regretté. Et il a donné donc 60 minutes à ses partisans pour rentrer chez eux, faute de quoi ils les désavoueraient, a-t-il affirmé.

Les foules quittent les lieux 

Mais les pro-Sadr n’ont pas attendu l’expiration de ce délai. Très rapidement, les foules ont commencé à quitter les lieux. L’armée a également levé le couvre-feu imposé au pays depuis lundi dans les minutes qui ont suivi. Le président du Parlement, Mohammed al-Halboussi, a remercié Moqtada al-Sadr pour son intervention.

La situation semble donc s’apaiser alors que pourtant, ce mardi matin encore, des combats intenses avaient lieu dans la « zone verte », où se trouvent les ministères et les ambassades dans la capitale irakienne. Des obus de mortier sont tombés dans cette enceinte censée être très sécurisée, y compris sur des zones résidentielles. Et des échanges de tirs opposaient les Brigades de la paix, une milice pro-Moqtada al-Sadr à une unité de l’armée épaulée par une milice pro-Iran intégrée aux forces de sécurité.

Funérailles

Selon un dernier bilan de source médicale, au moins 30 sadristes ont été tués par balles depuis lundi et 380 personnes blessées dans la « zone verte ». Des funérailles ont été organisées à Najaf.

Dès l’annonce de la fin des hostilités, les Bagdadis sont ressortis, reprenant le fil de leur vie. Mais la violence des affrontements, particulièrement la nuit dernière, restera dans leurs mémoires, comme en témoigne Mohamed Al Hikmat. Il habite juste en face de la zone verte, sur l’autre rive du Tigre.

 

C’était une nuit horrible. Ceux qui ont été le plus touchés étaient les femmes : ma mère et mes sœurs n’ont pas pu dormir de toute la nuit. Parce qu’elles avaient très peur, elles n’ont pas pu dormir dans leurs chambres. Elles ont pris la pièce qui paraissait la plus sûre, elles ont fermé les portes. On avait beau les rassurer que cela ne nous concernait pas, que c’était une confrontation entre les partis, que c’était de l’autre côté du fleuve, mais elles étaient tout de même tétanisées. Cela m’a rappelé la chute de Saddam Hussein durant la guerre de 2003, c’était à peu près la même chose : des bombardements et toutes les familles avaient peur.


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