Royaume-Uni: le Premier ministre Boris Johnson annonce sa démission de la tête du Parti conservateur

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé jeudi 7 juillet sa démission du Parti conservateur mais indiqué qu'il resterait au pouvoir jusqu'à ce que soit désigné son successeur. Trois ans après son accession à Downing Street, Boris Johnson, 58 ans, s'est trouvé poussé vers la sortie par une avalanche de démissions au sein de son gouvernement après une succession de scandales.

 

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé jeudi sa démission et ajouté que la procédure de désignation d'un nouveau dirigeant pour le Parti conservateur était lancée. Lors d'une allocution devant le 10, Downing Street, il a précisé qu'il comptait rester en fonction jusqu'à la désignation d'un nouveau leader. Un calendrier sera annoncé la semaine prochaine, a-t-il dit. « C'est clairement la volonté du Parti conservateur qu'il y ait un nouveau leader et donc un nouveau Premier ministre », a-t-il déclaré, se disant « triste d'abandonner le meilleur travail au monde ». 

Il a été applaudi par une trentaine de députés, relate notre correspondante à Londres, Émeline Vin. C’est rien, sachant que les Conservateurs possèdent 360 sièges à la Chambre des Communes. De la rue, on pouvait entendre les cris des manifestants qui scandaient « Bye Bye Boris ». Les Britanniques qui ont fait le déplacement évoquent leur soulagement après une semaine de paralysie politique complète.

Nommé en 2019, Boris Johnson a ensuite triomphé dans les urnes, mais a été affaibli par une série de scandales ces derniers mois. « Boris Johnson démissionnera aujourd'hui de son poste de leader du Parti conservateur », avait assuré dans la matinée Chris Mason, journaliste politique à la BBC. 

Le chef de l'opposition, Keir Starmer, a estimé qu'il s'agissait d'une « bonne nouvelle » mais que « nous n'avons pas besoin d'un changement à la tête des Tories. Nous avons besoin d'un vrai changement de gouvernement ».

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Une cinquantaine de membres de l'exécutif britannique ont quitté leurs fonctions depuis le départ fracassant, mardi soir, des ministres des Finances et de la Santé, Rishi Sunak et Sajid Javid, en mettant explicitement en cause le Premier ministre, jugé inapte à conduire le pays dans le sillage d'une série de scandales.

Huit ministres ou secrétaires d'État ont encore démissionné jeudi matin, dont certains nommés il y a deux jours. Le nouveau ministre des Finances, Nadhim Zahawi, avait publiquement appelé à la démission du Premier ministre, de même que le ministre de la Défense, Ben Wallace.

La cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss a appelé ce jeudi « au calme et à l'unité » après la démission de Boris Johnson. « Le Premier ministre a pris la bonne décision (...) Nous avons besoin de calme et d'unité maintenant et de continuer à gouverner jusqu'à ce qu'un nouveau chef du parti soit désigné », a-t-elle déclaré dans un tweet envoyé depuis Bali, en Indonésie, où elle doit assister à une réunion ministérielle du G20 vendredi.

Selon le compte rendu du Conseil des ministres, Boris Johnson a souligné qu'il ne chercherait pas d'ici son départ à mettre en œuvre de nouvelles politiques ou des changements de cap majeurs. « Il a déclaré que les décisions budgétaires majeures devraient être laissées au prochain Premier ministre », selon un communiqué de Downing Street.

« Le Parti travailliste, aujourd’hui, n’est pas en capacité de pouvoir gouverner »

Pour Aurélien Antoine, directeur de l'Observatoire du Brexit, l'opposition aura du mal à tirer parti des incertitudes du parti à la tête du gouvernement. « Le Parti travailliste, aujourd’hui, n’est pas en capacité de pouvoir gouverner puisqu’il n’a pas de majorité, donc il faudra attendre les prochaines élections, soit à l’issue d’une dissolution, soit au terme du Parlement de cinq ans, c’est-à-dire en 2024, analyse-t-il au micro de Martin Chabal de RFI. Auquel cas, oui, le Parti travailliste, s’il arrive aussi à déterminer sa ligne de logique de façon claire -on évoque par exemple des rapprochements avec les libéraux-démocrates dans certaines circonscriptions, les libéraux-démocrates ayant eu le vent en poupe sur les dernières élections législatives partielles- il peut tirer profit de cette situation. Mais il faut savoir que le Parti travailliste lui aussi est quand même perclus de divisions. Vous avez en fait une gauche modérée héritière d’Union Labour qui est encore présente au sein du Parti travailliste, et puis les héritiers de Jeremy Corbyn qui sont beaucoup plus à gauche, beaucoup plus clivants aussi. Et là aussi, la réconciliation, il n’est pas certain que Keir Starmer, que le leader du Parti travailliste, ait réussi complètement à la réaliser. »

Emeline Vin, notre correspondante, a rencontré des Britanniques soulagés de tourner la page des scandales.

Il s’est accroché trop longtemps. Nous avons besoin d’un gouvernement stable, c’est plus important que l’égo d’un homme.

 

Venu assister au tournoi de Wimbledon à Londres, Dave a toujours voté conservateur. Mais il n’est pas mécontent de voir partir Boris Johnson : « Quand le pays ne vous soutient plus, que le parti ne vous soutient plus, que votre gouvernement ne vous soutient plus… Vous devez partir, c’est aussi simple que ça. Il s’est accroché trop longtemps. Nous avons besoin d’un gouvernement stable, c’est plus important que l’égo d’un homme. »

Planté devant les grilles de Downing Street, Gareth chante à tue-tête pour souhaiter bon vent au Premier ministre : « Je suis très, très heureux. Bon, ce n’est pas encore la fin de l’histoire. On a dû supporter de telles compromissions d’intégrité, je ne crois pas que le parti conservateur soit en mesure de restaurer la confiance. Nous avons besoin de nouveaux visages. » Le militant anti-Brexit souhaiterait des élections anticipées. 

David lui ne comprend pas pourquoi « Boris » souhaite attendre l’automne pour se faire remplacer : « Je ne pense pas qu’il sera encore là la semaine prochaine ! Lui-même avait écrit, qu’un leader ne peut plus travailler correctement après avoir annoncé sa démission. Il devrait réfléchir à ses positions précédentes. »


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