Le chef spirituel des talibans somme l'Occident d'arrêter de «se mêler» des affaires afghanes

Près d'un an après le retour des talibans, leur chef spirituel, le mollah Hibatullah Akhunzada, n'entend rien lâcher face aux injonctions de l'Occident. Il ne s'était pas montré en public depuis plus de quinze ans, mais il a tenu à prendre la parole devant le grand conseil islamique réuni à Kaboul pour trois jours. Dans un discours rigoriste prononcé devant 3 000 notables tribaux et religieux, il s'en est pris avec virulence aux critiques qui visent le nouveau régime taliban.

 

« Nous n'accepterons aucune directive. Ils nous disent : faites ci, faites ça. Mais pourquoi se mêlent-ils de nos affaires ? Nous ne nous inclinerons que devant Allah. » La mise au point du chef des talibans, qui tacle au passage la corruption, l'égoïsme, la tyrannie, le nationalisme et le népotisme exercés d'après lui par les différents gouvernements afghans depuis vingt ans, est sans appel.

Le mollah Hibatullah Akhunzada, qui n'a jamais été filmé ou photographié en public depuis l'arrivée au pouvoir des talibans en août, et vit d'ordinaire reclus à Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan, leur centre spirituel, s'est exprimé à Kaboul devant une assemblée de dignitaires religieux convoquée depuis jeudi et pour trois jours par le régime pour consolider son pouvoir.

Pour faire table rase du passé, Hibatullah Aklundzada ne voit qu'un seul remède, selon son discours d'une heure retransmis par la radio d'État : appliquer la charia, porteuse, selon ses mots, de sécurité, de liberté, à travers un système islamique qui procurera à l'Afghanistan tout ce dont il a besoin.

« Le monde actuel n'acceptera pas si facilement l'émergence d'un nouvel Émirat islamique »

Pas un mot dans ce discours sur le droit des femmes. Mais un avertissement à l'Occident : « Il ne peut y avoir, dit-il, de réconciliation entre l'islam et les infidèles. Ça n'a jamais eu lieu dans le passé, et ce ne sera pas le cas maintenant. Vous devrez, lance-t-il aux responsables talibans, vous battre. Car le monde actuel n'acceptera pas si facilement l'émergence d'un nouvel Émirat islamique. »

La veille, la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, avait exhorté les talibans à s'inspirer des pays musulmans qui promeuvent les droits des femmes et respecter leurs engagements. Des diplomates de tous bords lui avaient emboîté le pas, appelant les talibans à garantir les droits des femmes lors d'un débat urgent au Conseil des droits de l'homme demandé par des pays de l'Union européenne. Fin mars, les talibans avaient fait refermer aux filles les lycées et collèges, quelques heures à peine après leur réouverture, annoncée de longue date. 


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