Ukraine: après le retrait des Russes de l'île aux Serpents, «une dynamique de desserrement du blocus»

Au moins 21 personnes ont été tuées dans les bombardements sur la ville d'Odessa de vendredi. Selon les autorités ukrainiennes, les missiles ont été tirés de la mer Noire sur un bâtiment résidentiel et un complexe hôtelier. Des tirs qui interviennent au lendemain du retrait des forces russes de l'île aux Serpents, à une trentaine de kilomètres au large d'Odessa. Une victoire importante pour les Ukrainiens, même s'il reste difficile d'en mesurer l'impact sur le blocus maritime exercé par Moscou.

 

Au moins 21 personnes ont été tuées dans des frappes de bombardiers stratégiques en pleine nuit sur des immeubles de la région d'Odessa, dans le sud de l'Ukraine, a affirmé Kiev vendredi le président Volodymyr Zelensky, dénonçant un nouvel acte de « terreur » russe.

D'après le commandement ukrainien du front sud, ce sont des Tupolev Tu-22, des avions datant de la Guerre froide et conçus pour emporter des charges nucléaires, qui ont lâché de la mer Noire des missiles Kh-22, normalement conçus pour frapper un groupe aéronaval, contre des bâtiments civils d'une petite ville côtière au sud d'Odessa. Selon l'armée ukrainienne, ce sont des missiles du même type qui ont atteint un centre commercial en pleine journée lundi à Krementchouk, dans le centre de l'Ukraine, à 200 km du front, y faisant au moins 19 morts, selon les derniers bilans.

De possibles avancées dans les négociations ?

L'armée russe avait annoncé la veille s'être retirée de l'île aux Serpents, position stratégique en mer Noire conquise par Moscou et qui subissait des bombardements ukrainiens ces dernières semaines. Ce retrait est une victoire importante pour les Ukrainiens mais il reste difficile d'en mesurer l'impact sur le blocus maritime exercé par la Russie dans la zone, selon Thibault Fouillet, spécialiste des questions de défense à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). « Cela indique une dynamique du desserrement de ce blocus. Après, de là à avoir des conséquences stratégiques sur l’ensemble de ce conflit ou même sur la zone, c’est trop tôt pour le dire, souligne-t-il. Il va falloir confirmer : est-ce que ce blocus va avoir de plus en plus tendance à se desserrer jusqu’à un jour être suffisamment lâche pour ne plus être vraiment effectif ou est-ce que le recul est finalement mineur et n’a pas d’impact direct sur la capacité des Russes à bloquer la mer d’Azov et la mer Noire ? Le temps nous le dira. »

Les Russes parlent d’un geste de « bonne volonté » pour montrer qu’ils ne sont pas derrière le blocus maritime. Ce retrait pourrait-il, paradoxalement, faciliter les négociations pour la sortie des bateaux chargés de céréales ukrainiennes ?  « Ce qui est sûr, c’est que ce verrou qui empêchait totalement l’exportation des céréales semble desserré, analyse le spécialiste. Après, il faut être tout à fait cohérent : le contrôle de la mer Noire et le contrôle de la mer d’Azov restent avant tout russes. Donc cela reste quand même une question de bonne volonté russe et de négociations diplomatiques. Donc ça peut peut-être faire avancer, mais ça ne va pas radicalement changer le paradigme. Tout repose sur la volonté russe d’appliquer ou de ne pas appliquer le blocus. »


Vous avez aimé cet article ? Partagez-le ...

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera publié après validation.